Les prochaines élections présidentielles aux États-Unis auront lieu en novembre 2016. Plusieurs candidats potentiels sont déjà connus, mais le premier à avoir officiellement présenté sa candidature à l’investiture du coté du Parti républicain est Ted Cruz, un sénateur texan d’origine cubaine âgé de 44 ans.
L’annonce a été faite le 23 mars dernier. Ted Cruz est intimement lié au mouvement Tea Party, ce mouvement populiste paléoconservateur d’inspiration libertarienne, qui incarne, avec de nombreuses nuances et tendances, les visions de l’auteur et ex-sénateur Ron Paul. Mais si Cruz épouse effectivement les thèses majeures de son camp politique au niveau des questions sociales (systèmes de santé et système fiscal), sociétales (port d’armes et avortement) et même, en partie, monétaires, son positionnement en matière de politique étrangère marque une triste rupture.
L’isolationnisme de Ron Paul, qui lui a valu plusieurs fois d’être traité d’antisémite, se retrouve certes dans des versions dégradées chez des figures actuelles du Tea Party, notamment chez son fils Rand Paul. Cruz se dégage cependant entièrement et explicitement de cette position [1]. Sans surprise, il présente aussi un franc soutien à Israël, un soutien qu’il n’a cessé d’affirmer ces dernières années, au point d’être sifflé au cours d’une conférence dédiée à la défense des chrétiens d’Orient en septembre 2014 pour son insolent prosélytisme sioniste [2].
Au cours d’un grand meeting, lundi dernier, le candidat a par ailleurs déclaré :
« Au lieu d’un président qui boycotte le Premier ministre Netanyahu, imaginez un président qui se tiendrait de façon inconditionnelle aux cotés de la nation israélienne [3]. »
Il est assez remarquable que les hommes politiques américains les plus portés sur « la défense de l’Amérique » et la « restauration de la puissance américaine » soient presque systématiquement des défenseurs notables des intérêts sionistes.
Ainsi, les résidus de modérations en matière de politique étrangère dont pourra faire preuve Ted Cruz, et qui le différencieront des néoconservateurs comme le va-t-en-guerre pathologique Mitt Romney, tiendront sûrement plus d’une volonté de surfer sur la vague de mécontentement de la population étasunienne au sujet du fiasco iraquien et du désastre syrien que d’une volonté de cesser les meurtrières ingérences de l’État fédéral partout dans le monde. Cruz fera sans aucun doute partie des plus fervents partisans des futures croisades, qui se feront, bien entendu, au nom de la « sécurité nationale » ou de la « démocratie ».