À un moment considéré comme l’un des plus critiques depuis le début de l’agression occidentale contre la Syrie, l’aviation israélienne a lancé ses fusées d’une distance de 22Kms sur un « Centre de recherche » relevant du ministère de la Défense à Jomraya et l’a partiellement détruit. Une attaque annoncée par les États-Unis, justifiée ensuite, et accompagnée de menaces à peine voilées avec le faux prétexte que la Syrie acheminait des armes au Hezbollah ; menaces destinées à détourner les regards des véritables objectifs de l’opération.
Quels sont donc les objectifs de cette agression ?
Pour commencer, il convient de rappeler que les groupes armés et les terroristes qui agissent sur le terrain – sous direction et commandement US – attendaient une intervention militaire étrangère « directe », comparable à celles menées dans la région du Golfe, en Afghanistan, en Irak et… si possible, en Libye ! Ceci, avec la ferme conviction de leur inévitable « victoire », étant acquis que l’Occident ne pouvait reculer sans atteindre son objectif premier : abattre l’État syrien récalcitrant pour le remplacer par un régime fantoche à ses bottes !
Mais les voilà bien obligés de déchanter puisqu’au bout de bientôt deux années, d’un terrible combat, ils ne peuvent que constater la réalité indéniable de leur échec ; la Syrie se préparant à reprendre le contrôle des quelques régions encore infestées de leur présence. Les indices et preuves de cet échec ne manquent pas, autant sur le terrain des opérations que sur le terrain politique.
Sur le terrain syrien, il est remarquable de noter que les zones de confrontation plus ou moins étendues, entre ces soi-disant révolutionnaires et l’Armée régulière ainsi que les forces de sécurité syriennes, sont tombées de l6 à 8 zones, avec des pertes d’une proportion équivalente dans le rang des dits « insurgés ». Autrement dit, plus de la moitié ont été tués, blessés, ou dégagés d’une façon ou d’une autre. Le tout étant confirmé par des rapports publiés, notamment le 29/01/2013, par des services du Renseignement US. Ils se résumeraient à dire que les opérations militaires des fameux insurgés ont chuté de 40 %, au minimum !
Sur le terrain politique, la débandade de la soi-disant « opposition syrienne » est désormais de notoriété publique. Elle souffre de ses rivalités intestines et d’apparentes « divisions de principe » entre ceux qui refusent le dialogue national appelant à une intervention militaire étrangère en vertu du Chapitre VII, ceux qui déclarent accepter ce dialogue et rejettent catégoriquement ce type d’intervention tout en adoptant une position inquiétante quant à leur capacité d’aboutir à une sortie de crise préservant la souveraineté de la Syrie et la décision du peuple syrien, et ceux qui au sein de la « Coalition de Doha » n’aspirent qu’à la formation d’un « gouvernement de transition » censé leur permettre de prendre le pouvoir par la voie diplomatique là où ils ont échoué à le prendre par les armes ! Bref, la situation de ces opposants se complique jour après jour, d’autant plus que lors de la dernière réunion à Paris des pays prétendument « Amis de la Syrie », ils n’étaient plus que 54 au lieu des 104 pays de la première heure. Sans oublier le désastre qui est venu couronner le tout ; celui privant ces « négociants de l’opposition » de 75% de leurs crédits en monnaie sonnante et trébuchante.
Ces deux contextes à la fois ont rapidement été analysés par les États-Unis qui en sont arrivés à la conclusion que sans élément nouveau, il suffira de quelques semaines pour que la l’État, le gouvernement et le peuple syriens réussissent à reprendre le contrôle de l’ensemble de leur pays ; auquel cas, les US perdraient leur propre contrôle sur les négociations internationales en cours pour jeter les bases du règlement de la crise. Crainte US exacerbée par M. Lakhdar Brahimi déclarant, devant le Conseil de sécurité, que le Président Bachar al-Assad tenait les rênes de la situation en Syrie sans espoir de destitution à l’horizon ! Crainte partagée par la frange de l’opposition syrienne qui n’a cessé de hurler son refus du dialogue, jusqu’à la sortie surprenante de M. Moaz Khatib, éminent président de la « Coalition de Doha », annonçant qu’il était finalement disposé à dialoguer avec les autorités syriennes !
Pour toutes ces raisons, les Etats-Unis ont confié à Israël la mise à exécution d’une action militaire surprise, mais limitée, qui leur permettrait d’atteindre les objectifs suivants :
1. Dissimuler les succès et acquis de l’État syrien aux écrans des médias internationaux, tout en diffusant une « nouvelle contraire » qui démoraliserait les Syriens. De plus, il n’est pas impossible qu’ils aient parié sur une réaction irréfléchie des autorités syriennes les poussant à attaquer des cibles en Israël ; ce qui aurait justifié qu’Israël frappe en retour et donne ainsi un coup de main aux terroristes pour toucher des objectifs qu’ils ont été incapables d’atteindre.
2. Relever du même coup le moral défaillant des terroristes en leur prouvant que leurs patrons colonialistes ne les avaient pas encore abandonnés.
3. Récupérer un atout à monnayer sur la table des négociations, et envoyer un message à « l’Axe de la Résistance » et au « Front international » qui refuse l’agression contre la Syrie, pour signifier que les États-Unis n’accepteront pas aussi facilement un règlement de la crise qu’ils ne contrôleraient pas en position de force et qu’ils n’abandonneront pas la partie.
C’est donc pour toutes ces raisons qu’Israël a exécuté son agression. Nous ne dirons pas, comme certains, que l’attaque a obtenu « le feu vert US ». Il nous suffit de dire que l’opération était une nécessité US et que l’acte est conforme à la nature agressive et terroriste des dirigeants israéliens. Cette nécessité US explique pourquoi l’attaque a été précédée de déclarations insistantes mettant en garde contre le transfert d’armes de Syrie vers le Hezbollah, déclarations visiblement destinées à justifier et à légitimer ce qui allait suivre ! Sinon, comment expliquer qu’ils aient persisté à prétendre que l’attaque était dirigée contre un convoi d’armes se dirigeant du territoire syrien vers le Liban, même après que l’État major des forces armées syriennes ait publié un communiqué clair et détaillé prouvant que l’attaque n’avait rien à voir avec un quelconque convoi, ni de près, ne de loin !
Certes, ils ont tenté de rectifier le tir en prétendant qu’Israël avait visé deux objectifs à la fois : le Centre de recherche et l’hypothétique convoi ! Ceci, alors que nous savons tous que s’ils disaient la vérité ou possédaient la moindre preuve confirmant leurs allégations, ils auraient publié des photos du convoi prises par l’aviation israélienne au moment du bombardement, à défaut de publier celles captées par leurs satellites couvrant la région à longueur de temps ! Il est certain que les USA qui, malgré la coopération de toutes les organisations sionistes occidentales, n’ont réussi jusqu’ici ni à empêcher le Hezbollah de s’armer ni à visualiser une seule opération de transport d’armes, ne peuvent nous convaincre de la véracité de leurs affirmations. Leur insistance à prétendre que l’attaque visait un tel convoi n’a qu’un seul but : justifier une agression israélienne prétendument défensive et préventive.
L’Opération a donc eu lieu une fois que l’aviation israélienne a pu échapper aux radars syriens, les USA et Israël cherchant à faire savoir aux agents à leur solde qu’ils étaient toujours déterminés à les couvrir et qu’ils pouvaient continuer à tuer et à terroriser à tout va. Ceux-là n’avaient plus qu’à se réjouir tandis que d’autres, plus réticents à avouer publiquement leur traitrise, se sont empressés de faire porter le chapeau à la Syrie !
Mais est-ce que l’agression a atteint ses objectifs ?
Pour répondre, il nous suffit de relever les points suivants :
1. La Syrie a publié un communiqué clair et précis, mais sa décision de riposter est restée implicite ; décision fondée sur une vision militaire et stratégique ayant distingué entre le principe de la riposte « retenue » et son importance ; laquelle sera fonction de la nature de l’agression subie, au moment qu’elle jugera opportun. Il faut croire qu’Israël a compris le communiqué syrien et a, d’ores et déjà, pris ses précautions. Ce faisant, la Syrie n’est pas tombée dans le piège tendu. D’où un premier échec.
2. L’armée arabe syrienne, loin d’être démoralisée, a poursuivi ses actions militaires contre les terroristes. D’où un deuxième échec.
3. Ni la Syrie, ni le Hezbollah ne se sont souciés ou même prononcés sur les prises de position US, dans la mesure où leur résistance et leur mode de fonctionnement continuent malgré tout. D’où un troisième échec.
4. La Russie a condamné l’agression, tout comme elle a neutralisé la rencontre du quatuor « US-Russie-Brahimi-Khatib » voulue par les USA. Du coup, chacun a du se réunir séparément avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov ; le président de la « Coalition de Doha » se précipitant pour le rencontrer avant de se préparer à se rendre à Moscou, en dépit de toutes ses déclarations hostiles antérieures. D’où un quatrième échec.
Finalement, l’agression israélienne n’a rien changé au cours des évènements et n’a pas satisfait les objectifs US. La crise Syrienne devra se résoudre au profit du droit des Syriens, même si nous ne pouvons plus parler de « solution pacifique » étant donné le prix payé par la Syrie pour conserver sa souveraineté, son indépendance et ses droits nationaux. En revanche, nous pouvons parler d’une « issue à la crise » imposée par la résistance syrienne. Une issue qui commence à être sérieusement envisagée et discutée. Tous les observateurs raisonnables et concernés par la Syrie en sont persuadés. Ceux qui ne peuvent ou ne veulent l’admettre n’ont pas leur place sur la table des négociations. Ils n’auront aucun poids dans le règlement de la situation et nul ne souciera de leurs prises de position, vu qu’ils ne sont pas maîtres de leurs décisions !
Amin Hoteit