En parcourant les manchettes affichées par la presse papier et Internet ces derniers jours, il était devenu difficile de manquer les rétrospectives consacrées à la vie de Stéphane Hessel, l’ancien résistant et diplomate décédé le 27 janvier dernier.
Parmi les citoyens adeptes d’une critique radicale du système, il est évident que seuls les plus naïfs pouvaient considérer l’auteur d’Indignez-vous ! , comme un intellectuel subversif. En effet, ni la publication d’un opuscule prétendument contestataire mais promu dans les faits par les plus grands organes de presse, ni la critique (fût-elle radicale et sans concession) de la politique israélienne ne suffisaient à le distinguer des désormais trop connus antisionistes d’extrême-gauche tels Noam Chomsky ou Michel Warschawski, honnis du camp sionard mais antinationaux et « citoyens du monde » revendiqués.
Dans ce contexte, la cofondation par Stéphane Hessel du club Jean Moulin, dont Jean-Claude Michéa rappelait dans Le Complexe d’Orphée [1] que plusieurs de ses membres avaient rejoint la Commission Trilatérale, ou plus récemment son soutien affiché à Martine Aubry puis à François Hollande devraient, au minimum, susciter certaines interrogations. Néanmoins, son passé de résistant de la première heure et surtout la décence la plus élémentaire nous enjoignent de lui pardonner ses compromissions avec le milieu mondialiste et de saluer avec respect et humilité son départ.
Ce n’est vraisemblablement pas l’avis de certains plumitifs comptant parmi les éléments les plus radicaux d’une poignée de médias acquis à la cause sioniste. Au lendemain de l’annonce du décès de Hessel, une nuée de vautours médiatiques s’empressaient de fondre sur sa dépouille. Le site JSSNews.com, fidèle tribune pro-israélienne, se distinguait particulièrement dans cet exercice, consacrant pas moins de deux articles à Stéphane Hessel [2]. Richard Prasquier, le président du CRIF, appelait quant à lui à une « déconstruction » de l’œuvre de Stéphane Hessel [3].
Plus récemment, Gilles-William Goldnadel dans Atlantico [4] se joignait à la curée, et comme d’autres avant lui citait les propos tenus par Hessel lors d’une interview donnée en 2011 au quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung : « L’occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l’occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive [5]. » Goldnadel mentionne à juste titre que des propos très similaires valurent à Jean-Marie Le Pen une condamnation à trois mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende [6]. Mais le deux poids deux mesures est flagrant : des coreligionnaires de Goldnadel, bien connus du milieu médiatique, ont tenu des propos ouvertement xénophobes ou antimusulmans, sans que cela donne lieu à des suites judiciaires [7].
L’acharnement désespéré avec lequel les clercs sionistes s’emploient à ostraciser à titre posthume une figure qui leur était hostile est évidemment exaspérant. On peut cependant s’amuser de son caractère grotesque et pathétique : les évolution géopolitiques récentes [8] ne leur sont guère favorables et leur cause n’en deviendra que plus difficile à défendre...