L’association a déposé plainte pour "port d’uniforme et d’insigne d’une organisation criminelle contre l’humanité".
La justice a annoncé, jeudi 22 décembre, l’ouverture d’une enquête après le scandale déclenché en Grande-Bretagne par le député conservateur Aidan Burley, filmé lors d’une soirée arrosée dans les Alpes avec toasts au IIIe Reich et déguisement d’officier SS.
"Une enquête préliminaire a débuté hier" mercredi concernant la soirée du 3 décembre dans un restaurant de Val Thorens, en Savoie, a déclaré le procureur de la République d’Albertville, Patrick Quincy. L’"apologie de crime de guerre ou contre l’humanité" est passible de cinq ans de prison et 45.000 euros d’amende, et celui de "port d’uniforme et d’insigne d’une organisation criminelle contre l’humanité" de 1.500 euros.
Tout a commencé par une vidéo filmée par un client du restaurant, diffusée sur internet, notamment via Twitter par l’organisation SOS-Racisme. Elle est également relayée par les journaux britanniques comme "le Daily Mail". On y entend la dizaine de convives britanniques de cet enterrement de vie de garçon lever leurs verres "à l’idéologie et la pensée du IIIe Reich". Une photo montre l’ami déguisé du député faisant le salut hitlérien dans la rue.
Ce scandale, qui vient rappeler celui qu’avait provoqué en 2005 la photographie du prince Harry en uniforme nazi à une fête costumée, a déjà conduit au retrait d’Aidan Burley de sa fonction de chargé de mission auprès du Secrétaire aux Transports.
Plainte de SOS-Racisme
L’association SOS-Racisme, qui a révélé l’affaire en France et s’est dit satisfaite de la décision du parquet d’ouvrir une enquête, a annoncé avoir déposé plainte jeudi soir pour "apologie de crime de guerre ou contre l’humanité", "incitation à la haine raciale", "port d’uniforme et d’insigne d’une organisation criminelle contre l’humanité".
Le restaurant s’apprête également à porter plainte pour "incitation et provocation à la haine raciale" et "apologie de crime contre l’Humanité", a annoncé jeudi son avocat, Julien Andrez. Celui-ci a cependant insisté sur le fait que le personnel avait fait retirer ses insignes nazis au convive costumé. "Le personnel a demandé au client d’enlever ses insignes nazis. Ils pensaient que cela suffirait. Il n’y a pas eu de dérapage pendant le repas qui ait pu justifier un appel à la police", a-t-il plaidé.
"On n’est pas forcément conscient que ce type de déguisement peut avoir un qualificatif pénal", a-t-il ajouté, évoquant la maladresse d’un uniforme porté "de manière fantaisiste". Ce déguisement est une piètre reproduction historique, avec une casquette SS sans la tête de mort de rigueur, selon Jean-Luc Leleu, universitaire spécialiste des SS.
Des "chants nazis"
SOS-Racisme assure que dans une autre vidéo postée sur You Tube, et qui depuis a été retirée, on aperçoit les participants chanter "Mein Führer !... Himmler !... Eichmann !", puis l’un d’eux "porter un toast au IIIe Reich". "Le Daily Mail" évoque des "chants nazis" entonnés dans un bar après le repas au restaurant.
Aidan Burley a estimé qu’il n’avait pas enfreint la loi. "Une enquête préliminaire a été ouverte et j’ai cru comprendre que je n’étais pas au centre de ces investigations", a déclaré Aidan Burley.
"Je ne crois pas avoir enfreint en quoi que ce soit la loi française et j’ai pris mes distances avec le comportement de certains convives de cette soirée d’enterrement de vie de garçon", a-t-il souligné. Dans un message adressé mercredi aux habitants de sa circonscription, le député avait exprimé ses "profonds regrets" et leur avait présenté ses "plus sincères excuses".
"Il n’y a pas d’excuses à mon comportement stupide, qui a causé ces deux dernières semaines beaucoup de peine à tant de gens", avait-il écrit, reconnaissant avoir fait "une véritable erreur de jugement" mais n’avoir "aucune sympathie d’aucune sorte pour le nazisme, le racisme ou le fascisme". "Comme la vidéo l’a montré, j’ai quitté le restaurant quand j’ai vu que des invités commençaient à avoir des comportements inexcusables", a-t-il assuré.