Les révélations sur la surveillance par les États-Unis des communications mondiales se poursuivaient dimanche cependant que l’ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden était bloqué depuis 15 jours dans la zone de transit de l’aéroport Moscou-Cheremetievo.
Invisible depuis son départ le 23 juin de Hong Kong, d’où il avait fourni des informations fracassantes sur un programme américain secret de surveillance des communications mondiales, le jeune homme a toutefois fait parler de lui dimanche, avec une interview parue dans Der Spiegel.
Dans l’entretien accordé à ce journal allemand avant d’avoir fait ses premières révélations, il affirme que les pays occidentaux, qui se sont indignés de l’espionnage auquel se livre l’Agence nationale de Sécurité (NSA) américaine, coopèrent en fait avec elle depuis longtemps.
Der Spiegel a publié ces informations avec en toile de fond le refus cette semaine de plusieurs capitales européennes de donner suite à la demande d’asile à cet Américain âgé de 30 ans.
Par ailleurs, le quotidien brésilien O Globo a rapporté dimanche, citant des documents d’Edward Snowden, que les services de renseignement des États-Unis avaient intercepté des millions de courriers électroniques et d’appels téléphoniques au Brésil.
« Le Brésil, avec ses grands réseaux numériques publics et privés et ses grands opérateurs de téléphonie et d’Internet, apparaît, dans les documents de la NSA, comme une base de données privilégiée en matière de télécommunications et d’Internet aux côtés de nations telles que la Chine, la Russie, l’Iran et le Pakistan », souligne l’article.
Le porte-parole du ministère brésilien des Affaires étrangères a qualifié ces informations d’« extrêmement graves ».
Le sort du jeune Américain, recherché par Washington pour espionnage, restait incertain, même si trois pays d’Amérique latine – la Bolivie, le Venezuela et le Nicaragua – se sont dit en fin de semaine disposés à l’accueillir.
Offensé par l’incident diplomatique dont il a été victime en début de semaine quand son avion a fait une escale forcée à Vienne pendant qu’il rentrait de Moscou – plusieurs pays européens le soupçonnant de ramener avec lui Edward Snowden –, le président bolivien Evo Morales a assuré samedi qu’il n’avait « pas peur ».
La veille, son homologue vénézuélien Nicolas Maduro, héritier politique du défunt Hugo Chavez, grand contempteur des États-Unis, avait annoncé, en des termes comparables, qu’il offrait « l’asile humanitaire au jeune Snowden pour le protéger de la persécution de l’empire le plus puissant du monde, qui s’est déchaînée sur lui ».
Quant au président du Nicaragua Daniel Ortega, il avait affirmé de manière plus vague que si les circonstances le permettaient, son pays recevrait Edward Snowden « avec grand plaisir » et lui accorderait l’asile.
Ces trois pays entretiennent des relations politiques tendues avec les États-Unis, et semblent pour l’heure les seules options pour l’informaticien qui ne semblait pas s’être manifesté depuis l’annonce de ces offres.