Le Luxembourg a présenté mardi pour la première fois ses excuses à la communauté juive pour les « souffrances » subies et les « injustices » commises à son égard pendant la Seconde Guerre mondiale, reconnaissant la responsabilité de « certains représentants » des autorités luxembourgeoises, 70 ans après la fin du conflit.
En septembre 2009, le Premier ministre belge de l’époque, Elio Di Rupo, avait présenté les excuses de la Belgique pour la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces excuses avaient lancé le débat au Luxembourg voisin.
« Souffrances infligées »
« Le gouvernement présente ses excuses à la communauté juive pour les souffrances qui lui furent infligées et pour les injustices commises à son endroit et reconnaît la responsabilité de certains représentants de l’autorité publique dans l’incommensurable qui a été commis », indique une déclaration signée par le Premier ministre Xavier Bettel et l’ensemble de ses ministres.
Résolution
Les 60 députés luxembourgeois ont également adopté mardi, à l’unanimité, une résolution reconnaissant « les souffrances infligées à la population juive, à ses membres luxembourgeois et étrangers, durant l’occupation nazie du Luxembourg ».
Occupation allemande
Le Luxembourg a été occupé par l’Allemagne nazie de mai 1940 à septembre 1944. La communauté juive, composée en grande partie de réfugiés ayant fui l’Allemagne nazie avant la guerre, a particulièrement souffert de l’occupation. « Sur les 3.700 Juifs résidant au Grand-Duché avant la guerre, 1.200 sont morts, victimes de la Shoah », indique sur son site officiel le gouvernement luxembourgeois.
Persécutions antisémites
« L’administration luxembourgeoise collabora à la politique de persécutions antisémites de l’administration civile allemande dans trois domaines : l’identification des personnes considérées comme appartenant à la race juive selon les critères allemands ; leur expulsion de la fonction publique, des professions libérales et des écoles ; la spoliation de leurs biens », a expliqué dans un rapport publié en février l’historien de l’Université du Luxembourg Vincent Artuso, dont le travail est à la base des excuses présentées mardi.
Résistance inexistante
Selon l’historien, la politique de persécutions antisémites ne souleva pas d’opposition ouverte dans la population luxembourgeoise. Et il n’a trouvé d’indices de résistance à ces mesures chez « aucun bourgmestre, fonctionnaire ou employé de l’État ».