Dans le cadre des négociations sur le climat à Lima, la Suisse et la Norvège ont souligné l’importance de s’adapter aux changements climatiques et de se préparer aux déplacements de population qui en résulteront. Ils ont présidé jeudi 11 décembre un événement sur ce thème organisé par l’Initiative Nansen à Lima.
« Il serait naïf de penser qu’il n’y aura pas de mouvements de population - volontaires ou forcés - résultant des changements climatiques. C’est pour que ces mouvements se fassent dans la dignité et le respect de leurs droits humains que nous avons lancé l’Initiative Nansen », a déclaré Tine Sundtoft, ministre norvégienne en charge du climat et de l’environnement, citée dans un communiqué du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) vendredi.
Se préparer aux mouvements
« Les gouvernements doivent évaluer l’impact du climat sur les mouvements de population et s’y préparer pour que les familles et les communautés entières puissent rester dans leur maison aussi longtemps que possible », a affirmé Bruno Oberle, directeur de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), présent à Lima.
« Il faut prendre en compte les aspects de mobilité dans les politiques nationales d’adaptation, y compris des mesures telles que la relocalisation planifiée en donnant la priorité aux communautés vulnérables », a insisté Bruno Oberle.
Mise sur pied en 2012 par la Suisse et la Norvège, l’Initiative Nansen a pour objectif principal de parvenir à un consensus sur les principes et les éléments fondamentaux d’un programme de protection pour répondre aux besoins des personnes déplacées dans le contexte de catastrophes et des effets des changements climatiques.
Les négociations se poursuivent à Lima
Les négociations sur le climat sont entrées vendredi à Lima dans leur dernière ligne droite. Pays riches et en voie de développement butent après douze jours de discussions sur le contenu des engagements qu’ils prendront avant l’accord de Paris fin 2015.
« Les choix faits aujourd’hui pourront soit nous mettre sur un chemin à peine praticable jusqu’à Paris, soit nous condamner à un avenir dangereux », estime Jan Kowalzig de l’ONG Oxfam. Or après deux semaines de discussions les points de vue se sont peu rapprochés sur la question centrale des « contributions nationales ».
Eviter que chaque pays ne pense qu’à lui
Trois points sont au centre des pourparlers, a expliqué à l’ats Bruno Oberle : « Les Etats doivent-ils donner des indications sur leurs objectifs de réduction, sur leur contribution financière et aussi sur leur manière de s’adapter à ces changements climatiques ? Ou uniquement sur l’un ou l’autre de ces points ? ». Les négociations doivent également clarifier la précision que doivent revêtir ces indications communiquées par les États.
Et ces règles sont cruciales, car en leur absence, chaque pays fera comme bon lui semble, ce qui ne présage pas d’un accord ambitieux à Paris, selon le directeur de l’OFEV.
Éviter une « tragédie »
Le chef de la diplomatie américaine John Kerry, favorable à la conclusion d’un accord à Paris, avait appelé jeudi les pays en développement à s’engager, eux aussi, dans la lutte. Il a fait valoir que le temps était compté pour éviter une « tragédie ».
« Chaque pays a la responsabilité de faire sa part », a déclaré John Kerry lors d’un discours passionné de 30 minutes. Le combat contre le changement climatique fait partie des priorités de l’administration Obama, au même titre que la lutte contre le terrorisme, la pauvreté et la prolifération nucléaire, a-t-il assuré.
« Si vous êtes un grand pays développé et que vous n’aidez pas, vous faites partie du problème. Plus de la moitié des émissions globales proviennent des pays en développement. Il est impératif qu’ils agissent aussi », a-t-il ajouté, sans citer de nom. Les principaux émetteurs de gaz à effet de serre sont la Chine, les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde.
« Une catastrophe »
Il a également estimé qu’une orientation vers les énergies renouvelables permettrait de toute façon d’améliorer la sécurité sanitaire et énergétique dans le monde, même si les conclusions des chercheurs selon lesquelles le réchauffement est dû aux gaz à effet de serre étaient fausses et que les sceptiques avaient raison.
« Mais que se passera-t-il si ce sont les climato-sceptiques qui ont tort ? », s’est interrogé John Kerry. « Une catastrophe. »