Le président de la République n’a pas caché la gravité de la situation hier soir à Toulon. Il s’en est pris durement à un capitalisme financier qui mériterait enfin d’être régulé. Mais, curieusement, il en a tiré la conclusion que la France devait accélérer le train des réformes libérales.
Sacré Nicolas Sarkozy ! Voilà un homme capable de proclamer, dans un même discours, que « le laissez-faire, c’est fini » dans le monde et que la France, elle, doit « accélérer le rythme des réformes » d’inspiration libérale. Curieux propos que celui tenu hier soir à Toulon par le chef de l’État : visiblement inspiré par Henri Guaino, la première partie de son intervention semblait prendre la mesure de la gravité des événements actuels. S’il met en garde contre la peur, Sarkozy reconnaît que le monde fait face à une « crise sans équivalent depuis les années trente ». Découvrant que « l’idée de toute-puissance des marchés » était une « idée folle », il proclame haut et fort « la fin du capitalisme financier » débridé. Bref, il serait urgent d’imposer de « nouvelles règlementations »
On retient alors son souffle. Hélas, peu de propositions concrètes accompagnent cet audacieux diagnostic. Sur la même longueur d’onde que le Medef, Sarkozy promet la fin des « parachutes dorés ». Le président de la République menace les patrons d’une « loi avant la fin de l’année » s’ils ne se mettent pas d’accord pour en finir avec la distribution d’actions gratuites ou les rémunérations qui ne sont pas liées aux performances économiques réelles des entreprises. Il est aussi question d’imposer de nouvelles règles au système bancaire. Mais Sarkozy n’entre guère dans les détails. Il demeure également flou lorsqu’il en appelle à mettre un terme au « désordre des monnaies » en se référant aux fameux accords de Bretton Woods.
Des mesures, quelles mesures ?
La deuxième partie du discours sera plus décevante. Quelle politique les pouvoirs publics choisiront-ils pour répondre à la récession économique qui menace le pays ? Sarkozy se contente de promettre, la main sur le cœur, qu’aucun épargnant ne perdra « un euro » de ses économies déposées dans les banques. Il s’engage, sans plus de précision, à ce que l’État intervienne si la nouvelle donne du crédit privait de financement l’économie française. « Je n’hésiterai pas à prendre des mesures » si la récession l’emporte, proclame le chef de l’État. On n’en saura pas plus.
Sarkozy est curieusement plus précis lorsqu’il s’engage à poursuivre et même amplifier le « changement » conduit depuis son élection. Après avoir noté que la crise actuelle légitime l’intervention de l’État dans l’économie, le voilà qui fait applaudir de nouvelles et massives réductions d’emplois publics. Il annonce également une réduction du nombre d’échelons des collectivités locales pour faire quelques économies. Le fait que ces collectivités soient aujourd’hui souvent dirigées par la gauche durcira la bataille qu’un tel projet provoquera inévitablement. Pour le reste, Sarkozy s’est limité à un plaidoyer pro domo vantant la politique conduite depuis son élection. Le monde change, la France est sommée de changer, mais Sarkozy demeure égal à lui-même.
Source : http://www.marianne2.fr
Sacré Nicolas Sarkozy ! Voilà un homme capable de proclamer, dans un même discours, que « le laissez-faire, c’est fini » dans le monde et que la France, elle, doit « accélérer le rythme des réformes » d’inspiration libérale. Curieux propos que celui tenu hier soir à Toulon par le chef de l’État : visiblement inspiré par Henri Guaino, la première partie de son intervention semblait prendre la mesure de la gravité des événements actuels. S’il met en garde contre la peur, Sarkozy reconnaît que le monde fait face à une « crise sans équivalent depuis les années trente ». Découvrant que « l’idée de toute-puissance des marchés » était une « idée folle », il proclame haut et fort « la fin du capitalisme financier » débridé. Bref, il serait urgent d’imposer de « nouvelles règlementations »
On retient alors son souffle. Hélas, peu de propositions concrètes accompagnent cet audacieux diagnostic. Sur la même longueur d’onde que le Medef, Sarkozy promet la fin des « parachutes dorés ». Le président de la République menace les patrons d’une « loi avant la fin de l’année » s’ils ne se mettent pas d’accord pour en finir avec la distribution d’actions gratuites ou les rémunérations qui ne sont pas liées aux performances économiques réelles des entreprises. Il est aussi question d’imposer de nouvelles règles au système bancaire. Mais Sarkozy n’entre guère dans les détails. Il demeure également flou lorsqu’il en appelle à mettre un terme au « désordre des monnaies » en se référant aux fameux accords de Bretton Woods.
Des mesures, quelles mesures ?
La deuxième partie du discours sera plus décevante. Quelle politique les pouvoirs publics choisiront-ils pour répondre à la récession économique qui menace le pays ? Sarkozy se contente de promettre, la main sur le cœur, qu’aucun épargnant ne perdra « un euro » de ses économies déposées dans les banques. Il s’engage, sans plus de précision, à ce que l’État intervienne si la nouvelle donne du crédit privait de financement l’économie française. « Je n’hésiterai pas à prendre des mesures » si la récession l’emporte, proclame le chef de l’État. On n’en saura pas plus.
Sarkozy est curieusement plus précis lorsqu’il s’engage à poursuivre et même amplifier le « changement » conduit depuis son élection. Après avoir noté que la crise actuelle légitime l’intervention de l’État dans l’économie, le voilà qui fait applaudir de nouvelles et massives réductions d’emplois publics. Il annonce également une réduction du nombre d’échelons des collectivités locales pour faire quelques économies. Le fait que ces collectivités soient aujourd’hui souvent dirigées par la gauche durcira la bataille qu’un tel projet provoquera inévitablement. Pour le reste, Sarkozy s’est limité à un plaidoyer pro domo vantant la politique conduite depuis son élection. Le monde change, la France est sommée de changer, mais Sarkozy demeure égal à lui-même.
Source : http://www.marianne2.fr