Roland Dumas, pas moins de 99 ans, a conservé toute sa mémoire et sa clairvoyance. Il se rappelle parfaitement des événements de 1990 qui entourèrent les promesses occidentales de non-élargissement de l’OTAN faites à l’URSS à la fin de la guerre froide.
« On voulait surtout éviter un retour de la guerre froide ». La délégation de l’URSS avait à l’époque soumis deux requêtes majeures auprès de ses alliés occidentaux : l’une portait sur l’entretien des monuments à la gloire de l’armée soviétique après le départ de ses troupes ; l’autre portait sur un engagement occidental sur le fait qu’« il n’y ait pas de déplacement des troupes de l’OTAN dans les régions du pacte soviétique qui [devaient] être désarmées. Cette discussion a eu lieu, d’abord parce que les Russes l’ont demandée [et] parce que nous l’avons soutenue : moi le premier, les Américains aussi, et les Allemands évidemment. Je me souviens très bien de la scène, [James] Baker [alors secrétaire d’État américain] est intervenu après moi en disant : "Même si M. Dumas ne l’avait pas demandé, moi, je l’aurais demandé" ».