Le retrait américain d’Irak constitue un développement stratégique de la plus haute importance. Avec le gouvernement de Nouri al-Maliki, la jonction semble être faite entre l’Iran et le Liban, via la Syrie et l’Irak. Il s’agit donc d’un axe continu qui n’a plus besoin de nouer des alliances ou de trouver des accords pour faire circuler ses hommes et ses armes.
De plus, la dernière visite du Premier ministre irakien à Washington a été déterminante au sujet de l’alignement politique et stratégique de l’Irak aux côtés de l’axe de la Résistance. Maliki a ainsi exprimé son refus de toute intervention étrangère dans les affaires irakiennes et a proposé à son interlocuteur une médiation dans le dossier syrien, alors que Barack Obama n’a pas appelé, devant le Premier ministre irakien, au départ du président syrien.
Selon les informations en provenance de Syrie, le gouvernement compte remplacer l’accord de libre-échange avec la Turquie, suspendu par Ankara, par un accord similaire avec l’Irak, et la relation entre les deux pays serait de plus en plus solide.
Le second bouleversement stratégique dans la région consiste dans le fait que le dernier modèle des drones américains, celui dont l’administration est si fière parce qu’il est censé être indécelable par les radars et qui a constitué le point fort dans la guerre en Irak et en Afghanistan, est tombé entre les mains des Iraniens.
Ces derniers ne l’ont pas fait tomber par un tir de missile, mais ils ont visiblement réussi à entrer dans son système électronique puisque l’avion s’est posé intact.
Si cette affaire a été plus ou moins occultée dans les médias occidentaux, elle n’en reste pas moins de la plus haute importance. C’est un coup dur pour les Américains qui ont d’ailleurs tenté, en vain, de hausser le ton pour récupérer l’appareil. Elle montre aussi que les Iraniens, dont le système nucléaire avait été piraté par les Américains, ont pris leur revanche électronique.
Selon des sources diplomatiques des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), les entretiens entre le ministre de la Sécurité iranien avec le prince héritier saoudien ont porté en grande partie sur le drone américain, les Saoudiens demandant aux Iraniens des informations sur sa construction. Avec leur subtilité habituelle, les Iraniens seraient restés dans le vague. Ils choisiront en temps voulu à qui et quelles informations donner. Mais ce développement est certainement déterminant dans l’équilibre des forces dans la région et les Américains ont répété à plusieurs reprises qu’ils souhaitaient l’ouverture d’un dialogue avec l’Iran dossier par dossier, mais l’Iran préfère une solution globale.
En attendant, des rumeurs sur une éventuelle attaque israélienne contre l’Iran circulent de nouveau. Mais les sources iraniennes se déclarent prêtes à toutes les éventualités et évoquent un possible blocage non seulement du détroit d’Ormuz, mais aussi du canal de Suez.
Les Iraniens brandissent aussi la menace d’une riposte inattendue contre toutes les cibles possibles. Et si les Américains se sont retirés d’Irak, ils possèdent encore des bases importantes en Arabie saoudite, au Qatar, à Bahreïn et au Koweït. De même, les Iraniens laissent entendre qu’ils pourraient bombarder les troupes de l’Otan en Afghanistan où il n’y a pas de bouclier antimissile. Il ne serait pas question pour les Iraniens de se laisser faire, au risque de provoquer un affrontement régional et international généralisé. Et, en laissant faire les Israéliens, les Américains pourraient se retrouver entraînés dans une guerre qu’ils ne souhaitent pas et aux conséquences incertaines pour eux.