« En France, on n’a pas de pétrole mais des idées » disait un slogan publicitaire lors du choc pétrolier des années 1970. Et des idées, le colonel Christophe Jeanjean, le commandant du groupement de gendarmerie de la Vienne, n’en manque pas pour que ses hommes économisent le carburant.
Selon le Courrier de l’Ouest, qui a pu consulter une note de service signée par l’officier le 24 avril dernier, il est en effet demandé aux gendarmes du département de « rentabiliser chaque déplacement et (…) rationaliser les kilomètres parcourus. » De toute façon, il n’y a guère le choix : les restrictions budgétaires imposent d’éviter les depenses superflues, y compris en matière de carburant.
Ainsi, les gendarmes de la Vienne doivent limiter leurs déplacements et réduire le nombre de kilomètres effectués par patrouille (le journal évoque la limite de 30 km), privilégier autant que possible le train pour le transférement de détenus, faire du covoiturage, par exemple pour les visites médicales et « accroître » les services à pied et/ou en VTT.
Les consultations médicales à Bordeaux et à Paris sont désormais proscrites, de même que les « liaisons travail-mess avec un véhicule de service », les réunions entre les cadres du département doivent être réduites. Et les gendarmes doivent « concentrer les moyens sur les zones les plus impactées par la délinquance ».
Dans le même temps, le colonel Jeanjean demande que les unités rendent compte « pour le 1er de chaque mois (…), par véhicule, du volume de carburant consommé et des kilomètres parcourus ».
D’autre part, le nomre de véhicules disponibles a diminué de 30% au cours de cette année, « faute de carburant ou d’argent pour remplacer des pièces usagées ». Cette situation n’est pas propre au groupement de gendarmerie de la Vienne puisqu’elle est pratiquement la même pour celui des Deux-Sèvres, qui, selon son commandant, le colonel Guillaume Jacquet, a vu sa dotation en carburant pour l’année 2012 diminuée de 4% par rapport à l’année précédent.
Cela étant le colonel Jacquet cherche à voir le bon côté des choses. « Les patrouilles à pied ou (…) à vélo, permettent de développer un contact de qualité avec la population » a-t-il ainsi affirmé à l’AFP.
Lors de sa dernière audition devant les députés de la commission Défense de l’Assemblée nationale, le directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN), le général Jacques Mignaux, a évoqué ces difficultés qui concernent l’ensemble des gendarmes.
« Pour 2012 déjà, la situation est tendue. Ainsi, nous ne sommes pas en mesure de réparer certains véhicules automobiles et la Cour des comptes a récemment souligné que le parc avait tendance à vieillir. De même, le matériel informatique connaît une certaine usure » a-t-il déclaré le 10 juillet dernier. Et d’ajouter : « sur le terrain, les gendarmes comprennent les enjeux : ils évitent les consommations inutiles – notamment de carburants – mais les institutions comme la nôtre ont un coût. Pour le moment, ces contraintes n’ont pas engendré de dysfonctionnement. Il nous faudra innover encore pour qu’il n’y en ait pas. »