Les autorités bahreïnies poursuivent sans répit la répression sans merci du mouvement de protestation qui a éclaté en février pour exiger des réformes politiques dans ce régime régi par les dynastie des khalifa depuis plus de 200 ans.
Rien n’y manque, les moyens les plus perfides sont utilisés contre les bahreïnis qui ont participé par dizaines de milliers aux manifestations organisées dans l’emblématique place de la perle qui fut ultérieurement détruite.
Ces derniers jours, les mosquées n’ont pas été épargnées ; des livres de coran et d’invocation ont également été détruits.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la mosquée de l’Imam Ali dans la région de Selm-abad, située dans la province nord a été totalement rasée.
La veille, les fidèles qui célébraient dans les mosquées le martyre de Sayyed Fatima, la fille du messager de l’islam Mohammad (s) avaient été harcelés et attaqués par les forces de l’ordre.
Selon l’opposant bahreïni en exil Sayed Jaafar Alaoui, les agressions contre les lieux religieux sont « une guerre contre la religion ». S’exprimant pour la chaîne iranienne arabophone AlAlam, Alaoui a rejeté les assertions des autorités selon lesquelles les attaques contre les mosquées se sont faites fortuitement. (Voir les images du bulldozer en train de détruire une mosquée).
Ces destructions s’ajoutent à la poursuite des arrestations arbitraires. Le nombre des détenus s’élève à 720 selon l’opposition, laquelle a recensé aussi quelques 250 disparus. Souvent les autorités ont recours à enlever des opposants, pour les liquider ensuite sous la torture, tout en prétendant en sortant leur cadavres qu’ils sont morts pour des raisons de santé.
Le cas le plus récent est celui de l’homme d’affaires de 49 ans Nasser Fakhraoui et membre du parti Wakf, enlevé début d’avril et dont les obsèques ont eu lieu la semaine passée. Selon la version officielle, il est mort d’une insuffisance rénale. Ce que conteste sa famille. Vu qu’il est responsable au quotidien bahreïni AlWassat, Reporter sans frontières s’est emparé de l’affaire et exigé une enquête indépendante.
Le réseau arabe des informations sur les droits de l’homme a lui aussi évoqué le cas de Fakhraoui, accusant les autorités bahreïnies de torturer jusqu’à la mort les opposants qu’elles arrêtent. Selon le site en ligne de la chaine qatarie AlJazira, l’ONG a exprimé son inquiétude quant au sort de l’avocat et militant des droits de l’homme Mohammad Tajer, arrêté samedi dernier, et dont le sort est jusque-là inconnu.
Médecins, avocats, dirigeants syndicalistes et militants des droits de l’homme, en particulier les chiites sont les principales victimes, précise l’ONG. « Non seulement ils sont privés de leur droit d’expression, et sont arrêtés arbitrairement, mais de plus on leur fabrique de fausses accusations » dénonce-t-elle accusant l’armée bahreïnie d’avoir blessé des centaines de manifestants bahreïnis par des balles réelles, pour les déloger de la place de la perle qui fut par la suite détruite.
Selon l’observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, ont également été arrêtées cinq membres du conseil d’administration de l’Association des enseignants de Bahreïn (Bahrain Teachers’ Society – BTS), toutes des femmes, ainsi que leur présidente et qui sont détenues dans un lieu inconnu. Le Ministère du développement social a publié un décret ordonnant la dissolution de la BTS.
L’Observatoire craint que leur arrestation ne soit liée à leur soutien à l’appel à la grève lancé le mois de mars dernier et qui n’a été suspendue qu’après un accord avec les autorités qui se sont engagées à ne pas harceler ou licencier les employés et les travailleurs qui ont participé aux mouvements de protestation.
Sachant que les autorités n’ont pas tardé à violer les clauses de l’accord. L’Observatoire recense quelques 600 licenciements de travailleurs par des employés privés. Mêmes les médecins et les infirmiers qui ont accordé des soins aux manifestants blessés sont sous le coup de poursuite judiciaire.
Selon le quotidien britannique Observer, citant des témoins, les forces saoudiennes participent activement à la répression. Sachant que leur rôle devrait en principe se limiter en fonction des ententes conclues, à aider les autorités bahreïnies à protéger les bâtiments et les infrastructures stratégiques.