Une statue représentant Adolf Hitler en train de prier à genoux exposée dans l’ancien ghetto juif de Varsovie, en Pologne, suscite des réactions mitigées.
Intitulée Him, l’œuvre de l’artiste italien Maurizio Cattelan a attiré de nombreux visiteurs depuis son installation le mois dernier. Elle n’est visible que de loin et l’objet des prières du leader nazi n’est pas mentionné, mais le but selon les organisateurs de l’exposition est de faire réfléchir les gens sur la nature du mal.
Cela n’a toutefois pas empêché certaines personnes d’être choquées par la présence de cette sculpture en un tel lieu.
Le Simon Wiesenthal Center, un groupe de défense des droits des juifs, a déclaré cette semaine que la décision de placer Him dans le ghetto relevait de la provocation et constituait une insulte à la mémoire des victimes juives du nazisme.
Dans un communiqué, Efraim Zuroff, le directeur de la branche israélienne de l’organisation, a affirmé que, pour les juifs, la seule prière de Hitler était de les rayer de la surface de la planète.
Fabio Cavallucci, le directeur du Centre d’art contemporain du château Ujazdowski à Varsovie, a assuré que ni l’artiste ni le centre n’avaient eu l’intention d’insulter la mémoire des juifs tués par les nazis.
« C’est une œuvre d’art qui parle du fait que le mal peut être caché n’importe où », a expliqué M. Cavallucci, qui a supervisé l’installation de la sculpture.
Le ghetto de Varsovie est un quartier de la ville qui a été bouclé par les nazis après qu’ils eurent envahi la Pologne. Ils ont ensuite forcé les juifs à s’y entasser et à y vivre dans des conditions inhumaines en attendant leur transport vers les camps de concentration. Plusieurs sont morts de faim, de maladie ou sous les balles de leurs gardiens.
Him fait partie d’une exposition de M. Cattelan baptisée « Amen », qui explore les notions de vie, de mort, de bien et de mal. Les autres pièces sont présentées dans la galerie du Centre d’art contemporain du château d’Ujazdowski.
La statue peut être vue à travers un trou dans une barrière en bois depuis la rue Prozna. Les visiteurs ne peuvent apercevoir que le dos de la sculpture qui, en raison de sa petite taille, ressemble à un écolier inoffensif.
« Tous les criminels ont un jour été un enfant innocent et sans défense », indique le centre dans la présentation de Him.
Le grand rabbin de la Pologne, Michael Schudrich, a raconté qu’il avait été consulté avant la mise en place de la statue et qu’il ne s’y était pas opposé parce qu’il trouvait louable la tentative de l’artiste de susciter une réflexion morale chez les spectateurs en les provoquant.
Il a affirmé que les conservateurs du centre l’avaient rassuré en lui disant que l’objectif de l’œuvre n’était pas de réhabiliter Hitler mais bien de montrer que le mal peut se présenter sous les traits d’un enfant qui prie.
« J’ai eu le sentiment qu’il pouvait y avoir un aspect éducatif », a indiqué M. Schudrich, qui a également écrit l’introduction du catalogue de l’exposition où il soutient que l’art « peut nous forcer à confronter le mal qui existe dans ce monde ».