Egalité et Réconciliation
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Qui commande les insurgés libyens ?

Dans les colonnes du quotidien Le Monde du 19 avril, le philosophe Bernard Henri-Lévy, qui a part ailleurs fait office de porte-parle de l’état-major des armées en annonçant avec avance l’envoi « d’officiers de liaison » français et italien à Benghazi, a voulu démontrer la « maturité » des insurgés libyens formant « l’armée des chabab » pour pour « faire tomber Kadhafi ».

Ainsi, BHL a parlé de « souci tactique, voire stratégique » constaté parmi les rebelles, une « donnée nouvelle de cette guerre, et qui change tout ». Seulement, un article du New York Times, publié le même jour, démontre au contraire le manque d’organisation de cette « armée des chabab », au point que l’on ne sait pas trop qui commande et qui fait quoi. Et sans unité de vues et d’une chaîne de commandement unifié, il est difficile d’imaginer qu’il y ait un quelconque « souci stratégique ».

En effet, le commandement militaire du Conseil national de transition libyen relève normalement du général Abdul Fattah Younès, qui était encore le ministre de l’Intérieur du colonel Kadhafi avant de rallier les insurgés le 19 février. Sauf que, un autre général, Khalifa Hifter, revendique également cette fonction. Ce dernier a connu l’exil aux Etats-Unis pendant 25 ans, après l’aventure libyenne au Tchad.

Pour le général Hifter, son concurrent ne s’occupe que des fonctions logistiques et de soutien et, pour cette raison, il est son subordonné. C’est ce qu’il a affirmé dans un entretien la semaine dernière. Sauf que cette version a été contestée par un responsable du CNT, qui a assuré au New York Times que le général Younés est le supérieur hiérarchique de Hifter.

En attendant, c’est bel et bien le général Younis qui a demandé, le 28 avril à Bruxelles, la livraison « d’hélicopètres Apache », de missiles antichar et de « navires équipés de torpilles » tout en avertissant du risque que le colonel Kadhafi soit tenté d’utiliser des armes chimiques.

Cela étant, cette rivalité entre généraux montre l’existence de luttes intestines dans les rangs des rebelles libyens et ce n’est pas fait pour améliorer son efficacité, d’autant plus que d’autres sont tentés de jouer leur propre partition, à l’instar de Fawzi Bukatef, un ingénieur de l’industrie du pétrole, qui a levé sa propre armée après avoir mis la main sur 400 fusils d’assaut Kalachnikov pour l’équiper.