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Quelle présence militaire américaine en Afghanistan après 2014 ?

Un peu plus d’un an après son élection à la Maison Blanche, le président Barack Obama avait pris la décision de renforcer les troupes américaines en Afghanistan de 30 000 hommes supplémentaires, après avoir longuement étudié les différentes options soumises par le général McChrystal, qui était à l’époque le chef de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Depuis, il a été convenu, lors du sommet de l’Alliance atlantique organisé l’année suivante à Lisbonne, d’amorcer un processus de transition afin que les forces de sécurité afghanes soient en mesure d’assurer la protection de l’ensemble de leur territoire afin de pouvoir mettre un terme, d’ici à la fin 2014, à la mission de combat des troupes déployées en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan.

Pour autant, des incertitudes pèsent sur l’avenir de l’Afghanistan après 2014. Manifestement, et d’après un rapport du SIGAR (Special Inspector General For Afghanistan Reconstruction), remis récemment au Congrès américain, les autorités afghanes ne seront pas prêtes pour assurer le bon fonctionnement de leurs infrastructures en raison d’un manque de personnels qualifiés et de lacunes en matière de planification.

D’autre part, le niveau des forces afghanes est sujet à des interrogations : seront-elles capables de contrer les menées des insurgés, et des taliban en particulier ? D’où les doutes exprimés par différentes publications diffusées par des centres de réflexion comme l’International Crisis Group ou encore la Rand Corporation. Et ces derniers ne font pas preuve d’optimisme quand il affirme que le régime mis en place à Kaboul en 2001 risque de s’effondrer une fois les troupes de l’Otan parties.

Mais il est aussi possible que l’Afghanistan (re)devienne le champ de manoeuvres d’autres puissances régionales. L’on pense au Pakistan, qui, ayant besoin de profondeur stratégique face à l’Inde, soutiennent les taliban tout en s’en défendant afin de pouvoir bénéficier d’un retour d’ascenceur si ces jamais ces derniers finissent par prendre le dessus.

Alliée d’Islamabad, la Chine regarde de très près la situation afghane. La preuve en est avec la récente visite à Kaboul, le 22 septembre dernier, de Zhou Yongkang, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC).

A Pékin, l’on redoute la résurgence d’un havre jihadiste à proximité de la région du Xinjiang. C’est d’ailleurs en raison de l’influence des taliban sur sa minorité Ouïghoure, de confession musulmane, que la Chine avait approuvé l’intervention occidentale en Afghanistan, tout en se gardant bien d’y participer.

Mais ce sont les ressources naturelles afghanes qui intéressent tout autant les dirigeants chinois. Ainsi, Pékin a obtenu plusieurs contrats d’exploitation importants concernant notamment le cuivre et le pétrole. Désormais, la Chine est l’un des plus gros investisseurs étrangers en Afghanistan. Aussi, elle a intérêt à ce que le pays soit le plus stable possible.

Un autre acteur majeur de la scène afghane est l’Inde. En rivalité avec la Chine et ennemi du Pakistan, ce pays vient d’être à nouveau sollicité par Hamid Karzaï, le président afghan, pour accroître ses investissements en Afghanistan. L’an passé, Kaboul et New Delhi ont conclu un accord de partenariat stratégique et, pour contrecarrer les ambitions pakistanaises, les autorités indiennes ont versé près de 2 milliards d’aides à leurs homologues afghanes.

A partir de là, il y a deux options : soit ces investissements, tant chinois qu’indiens, aideront à consolider l’Etat afghan, soit, au contraire, ils donneront lieu à de nouvelles luttes d’influence, avec de fâcheuses conséquences.

Quoi qu’il en soit, en 2014, tous ces problèmes ne seront plus ceux de l’actuel président afghan. Toujours très critique à l’égard des forces de l’Otan, ce dernier quittera la scène politique à l’issue de la prochaine élection présidentielle, qui se prévue cette année-là.

En revanche, l’Afghanistan figurera encore sur l’agenda du président Obama, qui vient d’en reprendre pour 4 ans à la Maison Blanche. Pour le moment, il s’agit de déterminer le format de la présence militaire américaine dans le pays, dans le cadre du partenariat stratégique conclu en mai dernier par Washington et Kaboul. D’autres membres de l’Otan ont accompli une démarche similaire, dont la France.

L’enjeu est d’éviter que ne se reproduise le scénario qu’avait connu l’Afghanistan après le retrait soviétique, à la fin des années 1980, les autorités afghanes alors en place s’étant vu privées de toute aide au moment de l’effondrement de l’Union soviétique, avec toutes les conséquences que l’on sait.

Cela étant, cette présence militaire américaine vise à encadrer et à former les forces de sécurité afghanes. Et, comme en France, l’on parle à Washington de maintenir sur le terrain des “forces non combattantes”. Sauf qu’il est question également que ces dernières mènent des missions de contre-terrorisme. Selon les options sur la table, leurs effectifs pourraient aller de 10 000 à 25 000 hommes. Une décision sera prise “d’ici quelques semaines” a indiqué Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense.

Toutefois, il reste encore un détail à régler. Et il est de taille puisqu’il concerne l’immunité judiciaire des militaires américains affectés en Afghanistan. Jusqu’à présent, les discussions sur ce sujet ont échoué. Or, l’absence d’un accord sur cette question avait conduit Washington à retirer l’ensemble de ses troupes d’Irak à la fin 2011.