Ile-de-France : un rapport publié par le conseil régional tente de dresser un panorama sociétal et économique de la région dans quarante ans.
Difficile de savoir quel sera le visage économique et sociétal de la plus riche des régions françaises en 2050. C’est pourtant à cet exercice périlleux de prospective que s’est livré le Conseil économique et social régional d’Ile-de-France (CESR), dont le rapport* a été publié jeudi dernier.
Les experts du CESR se sont en effet demandé si l’Ile-de-France pourrait continuer à jouer son rôle de première région nationale et de cinquième région européenne alors que la croissance économique sera essentiellement portée par les nouveaux pays émergents.
Sans trancher, le rapport apporte néanmoins quelques éléments de réponse. D’abord, la population de la région devrait s’accroître fortement de 3 millions de personnes, pour atteindre près de 15 millions à l’horizon 2050. Cette augmentation proviendra en grande partie de migrants venus de l’étranger et plus particulièrement d’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, près de 2 millions d’immigrés, soit 40 % des immigrés métropolitains, vivent en Ile-de-France. Les prévisions tablent sur l’arrivée de 80 000 personnes en provenance de l’étranger chaque année d’ici à 2050.
L’autre quasi-certitude porte sur le vieillissement de la population francilienne : dès 2030, le nombre de personnes âgées de plus de 75 ans aura doublé par rapport à 2000 (ils étaient environ 650 000 à cette date) et le nombre de maisons de retraite devra être multiplié par quatre d’ici à 2050. Néanmoins, l’âge moyen dans la région devrait rester inférieur à celui du reste de la France : en 2030, les moins de 20 ans devraient représenter 24,8 % de la population, contre 22,6 % au niveau national. Les perspectives sur les départs à la retraite sont, elles, fixées à plus courte échéance : plus de 1,2 million de départs (le quart de la population active actuelle) prévus pour la période 2005-2015, concernant essentiellement les métiers de la fonction publique, de la banque et de l’assurance.
Cette démographie dynamique aura-t-elle des conséquences positives sur l’économie de la région ? Les experts avouent eux-mêmes que cette prévision relève d’une « véritable gageure ». L’impératif sera d’abord de savoir intégrer les populations arrivantes et de s’appuyer sur les atouts de la région, c’est-à-dire « les applications industrielles à haute valeur ajoutée et les secteurs de l’emploi captif où la main d’œuvre est mobilisable rapidement, et où les besoins vont croître très intensément, comme le BTP et les services à la personne ».
D’où la nécessité de continuer à investir dans la recherche et le développement, et de préparer les conditions de la ré-industrialisation et des relocalisations, car les auteurs du rapport en sont certains : « Compte tenu de la hausse des niveaux de salaires dans les pays émergents, la production à bas coûts de main d’œuvre délocalisée ne sera plus intéressante. » A l’Ile-de-France donc de savoir profiter des opportunités.
* « Démographie, économie et lien social à l’horizon 2050. Quelles perspectives, quels leviers pour agir ? », disponible sur www.ceser-iledefrance.fr