La Ligue de défense juive (LDJ), une organisation ultranationaliste, veut mettre en place une équipe « d’intervention » à Montréal et compte finaliser son installation dans la métropole en choisissant un lieu pour que ses membres se rencontrent régulièrement, a appris Radio-Canada.
L’été dernier, le président de la LDJ canadienne avait annoncé que son organisation voulait s’établir à Montréal. Meir Weinstein [photo] était venu dans la métropole avec une dizaine de membres et ses deux gardes du corps pour rencontrer des Québécois souhaitant rejoindre la LDJ. Environ cinquante Québécois avaient alors été recrutés lors d’une rencontre à huit-clos, selon M. Weinstein.
Il sera de retour lundi pour tenter de recruter de nouveaux membres et pour finaliser l’installation du chapitre montréalais. Le groupe tiendra une réunion « publique » à l’hôtel Ruby Foo’s, situé dans l’arrondissement Côtes-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.
Une équipe d’intervention chargée de la sécurité
La priorité de la LDJ sera de mettre en place une équipe chargée de la « sécurité » qui pourra intervenir « rapidement », selon un courriel d’information envoyé aux membres, dont Radio-Canada a obtenu copie. Ainsi, les gens qui font la promotion de la « haine envers les Juifs » devront faire face à « des conséquences sérieuses », lit-on dans le courriel.
La LDJ indique qu’elle veut promouvoir l’autodéfense et la sécurité au sein de la communauté juive, mais toujours en respectant les lois en vigueur. À Toronto, la ligue a pignon sur rue. Ses membres sont adeptes du krav maga, un système d’autodéfense enseigné dans l’armée israélienne.
Dans les faits, la majorité de ses activités annoncée sur son site sont des conférences et quelques manifestations. La LDJ indique aussi qu’elle peut aider les organisations juives qui le souhaitent à organiser leur sécurité, toujours en collaboration avec les forces de police.
Choix d’un lieu de réunion
Par ailleurs, M. Weinstein dit qu’un lieu va être choisi pour que les membres de la LDJ se rencontrent régulièrement. Aucun bail n’a été signé pour l’instant.
« Il y a quelques possibilités qui vont m’être présentées quand je serais là, on en parlera quand je serai là », dit M. Weinstein, en entrevue téléphonique avec Radio-Canada.
Meir Weinstein : « Il y aura un lieu de rencontres qui sera en place, il y aura un numéro de téléphone très bientôt. »
L’organisation juive ultranationaliste s’inquiète notamment de la présence à Montréal d’islamistes, citant le cas du controversé de l’imam Hamza Chaoui, qui voulait s’installer à Montréal.
La LDJ est un groupuscule marginal au sein de la communauté juive. Les organisations juives les plus importantes du Québec, comme le Centre consultatif des affaires juives et israéliennes, dénoncent l’idéologie de la LDJ.
Extrait du courriel d’information de la Ligue de défense juive, dont Radio-Canada a obtenu copie : « La LDJ veut par sa présence créer des liens avec les autres forces “anti-jihad” au Québec afin de dénoncer l’islam radical au Québec et faire fermer les institutions qui en font la promotion. »
Créee par un rabbin d’extrême-droite
Dans les faits, la LDJ n’est pas un groupe centralisé, mais une mouvance plutôt disparate qui se base sur les enseignements du rabbin d’extrême droite Meir Kahane, qui a été assassiné par un extrémiste arabe en 1990. La LDJ américaine a été qualifiée d’organisation « terroriste », « violente « et « extrémiste » par le FBI lors d’un procès en 2001.
Deux de ses membres avaient alors comploté en vue de perpétrer un attentat contre une mosquée. Mais la LDJ canadienne assure qu’elle a toujours respecté les lois ici, et précise qu’elle collabore avec la police, notamment à Toronto. M. Weinstein a déjà indiqué n’avoir pas de lien avec la LDJ américaine ou française.