Bien sur les militants aveugles vont hurler, mais l’histoire du sionisme, la vraie, est écrite par les israéliens eux mêmes.
En 1967, Maxime Rodinson un juif athée, dans un numéro des Temps Modernes publie un article au titre clair : « Israël Fait Colonial ». Et c’est aussi Claude Levi-Strauss, ce géant de l’anthropologie qui écrit : « Ma perception de la conjoncture israélienne reste subordonnée à une autre à laquelle je suis encore plus sensibilisé : celle qui se produisit il y a quelques siècles de l’autre côté du monde, quand d’autres persécutés et opprimés vinrent s’établir dans des terres occupées depuis des millénaires par des peuples plus faibles encore, et qu’ils s’empressèrent d’évincer. Je ne puis évidemment pas ressentir comme une blessure fraîche à mon flanc la destruction des Peaux-Rouges, et réagir à l’inverse quand des Arabes palestiniens sont en cause. »
Les Palestiniens n’ont pas quitté leur pays de leur plein gré
Il y a une vingtaine d’années, sonne le commencement de la fin pour l’histoire, officielle. En 1961, les premiers travaux, ceux qui s’écartent du sentier de la version officielle de l’histoire, sont publiés par Walid Khalidi, un universitaire palestinien aujourd’hui professeur à l’université Columbia de New York. Pour résumer, il démontre que lors de la guerre de 48, contrairement à la légende d’un combat opposant « David à Goliath », les forces juives étaient au moins aussi nombreuses, et en tout cas mieux armées, que les troupes « arabes »… Les journaux ont alors titré : « Cette bataille est celle de 700 000 Juifs contre 27 millions d’Arabes. » La réalité est très différente : 60 000 paramilitaires et colons juifs se sont battus contre 1 618 combattants palestiniens aidés de 2 830 volontaires, qui seront bientôt rejoints par 13 876 soldats arabes sans motivation.
Autre légende qui tombe par terre : ce n’est pas « de leur plein gré », ou pour suivre « les conseils du grand mufti de Jérusalem, un admirateur de Hitler », que les Palestiniens ont quitté leur pays. C’est, plus cruellement, qu’ils en ont été chassés par une violence organisée, programmée. Vingt ans après, les premières recherches de Khalidi ont été très solidement confortées par celles de Simha Flapan et de Benny Morris, deux universitaires qui, bien que résolument sionistes et religieux, se refusent à nourrir les mensonges de l’histoire. Leurs publications décrivent ce qu’ils trouvent et non ce qu’ils souhaiteraient découvrir. Petit à petit, le courant de tous ces chercheurs « libres », va grossir. Avi Shlaïm, Tom Segev, Boaz Evron, Israël Finkelstein, Baruch Kimmerling, Gershon Safir, Schlomo Sand sont, chacun dans leur sillon, en train de dessiner les vraies circonstances de la fondation d’Israël.
« Le Livre des juifs, c’est la Thora »
Ainsi, l’archéologue Finkelstein dynamite les certitudes de ceux qui voient dans la Bible un authentique livre d’histoire. Et Sand ajoute, « la Bible n’est pas le Livre des juifs, le Livre des juifs c’est la Thora… ». Après Alfred Koestler, celui du « Zéro et l’infini », qui a travaillé sur le royaume Khazar celui de ces turcs judéisés en Europe centrale, Schlomo Sand, lui, détricote l’histoire de la diaspora pour nous révéler que le judaïsme fut une religion comme une autre, qu’elle fût prosélyte. Et que la notion d’un « peuple juif » qui serait une miraculeuse survivance de la diaspora est une hérésie. Selon Sand, dans le Caucase, en Turquie, en Arabie ou au Yémen, comme auprès des Berbères d’Afrique du Nord, des prédicateurs juifs ont converti des fidèles. Créant ainsi des communautés juives qui n’ont rien à voir, affirme-t-il, avec un peuple en exil, celui des Hébreux, maintenu homogène pendant vingt siècles. Peuple chassé de sa terre et attendant d’y revenir.
Sand se fait même provocateur quand il soumet une hypothèse : « Il n’est pas impossible que ce soit parmi les palestiniens que l’on retrouve, sans doute, d’authentiques descendants des fils de David et Salomon… » Ce Sand devrait être en prison… Non ? Pour trouver un accord au M.O. il est important de retrouver la vérité, d’en débattre puis de signer un pacte sur l’authentique histoire. Celui qui, loin de tous les mythes, conduira à la paix.
Lisez des bouquins : Comment le peuple juif fut inventé, de Shlomo Sand chez Fayard, Le septième million de Tom Segev, Vaincre Hitler de Avraham Burg, Le nettoyage Ethnique de la Palestine, de Ilan Pape, Israël confronté à son passé, de Boussois ou encore de bouquin de Dominique Vidal (du Monde Diplomatique) sur les Nouveaux historiens d’Israël… Après ça, il sera plus facile de causer.