La chaîne de télévision états-unienne NBC a soudainement décidé de réviser la narration de l’enlèvement de son équipe en Syrie, en 2012, durant 5 jours.
Jusqu’ici, on était prié de croire que Richard Engel et ses assistants avaient été faits prisonniers par des « Sahbihas » (c’est-à-dire dans la rhétorique de propagande atlantiste une « milice secrète de la dictature »). Le journaliste précisait même qu’ils étaient « chiites » et qu’ils avaient été « entraînés par le Hezbollah libanais et les Gardiens de la révolution iraniens ».
Vidéo originale en anglais :
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Las ! Tout cela n’était qu’« erreurs d’interprétation » (sic).
Dès l’annonce de la prochaine publication d’une enquête du New York Times, NBC opérait un virage à 180° et admettait préventivement que les kidnappeurs étaient en réalité des membres de l’Armée syrienne libre (les « rebelles modérés » organisés par la France) [1].
Pour le moment, la presse états-unienne ne conteste pas la réalité de l’enlèvement, mais uniquement son interprétation.
Initialement le terme « Shabihas » (les « fantômes ») désignait les contrebandiers de la région de Lattaquié, réputés fidèles à la République arabe syrienne. Il avait été utilisé par la propagande atlantiste pour faire croire en l’existence d’une « milice secrète » du « régime » qui aurait terrorisé la population.
Durant deux ans, la presse occidentale et du Golfe a accumulé les « témoignages » des exactions de ce groupe mystérieux dont la simple existence prouvait bien que la Syrie était une « dictature ». De nombreux Syriens ont ainsi attesté avoir été « torturés » par cette milice, « contraints d’abjurer leur foi » et de se « prosterner » devant le portrait du « dictateur alaouite ».
Le témoignage de Richard Engel, reporter vedette de NBC, avait fini par convaincre l’opinion publique états-unienne malgré l’absurdité de ce mythe (le président el-Assad est aussi celui du parti laïque Baas et ne risque donc pas de se faire adorer comme un Dieu).
Lors de son enlèvement, le caractère frauduleux de son témoignage n’avait pas échappé à toute personne de bonne foi [2]. Mais le bruit de la propagande atlantiste avait recouvert la contestation. Aujourd’hui, plus personne ne parle de « Shabihas », des fantômes imaginés par l’OTAN pour sa propagande de guerre, et l’on commence à hésiter à parler de « dictature ».