Depuis trois jours, Belfast est secouée par les plus grosses violences de ces dix dernières années. Les unionistes soupçonnés.
Le calme relatif obtenu depuis la signature des accords de paix de Stormont en 1998 et surtout depuis la formation d’un gouvernement de coalition en 2007 ne plaît visiblement pas à tout le monde en Irlande du Nord. Sa capitale Belfast connaît depuis trois jours les plus graves troubles depuis une décennie.
Après une première nuit d’affrontements lundi entre loyalistes, républicains et forces de la police, les violences ont repris mardi avec encore plus de force et semblaient devoir se poursuivre la nuit dernière. Au menu : cocktails Molotov, coups de feu, feux d’artifice et lasers aveuglants.
Pour le moment, trois hommes ont été hospitalisés pour des blessures par balle, deux protestants et un photographe britannique.
Selon les autorités, tout aurait débuté lundi par l’intrusion du groupe paramilitaire loyaliste Force volontaire de l’Ulster dans une enclave catholique située au milieu d’un quartier protestant.
« Le gros de la violence vient de la communauté loyaliste et la FVU de Belfast a joué un rôle là-dedans », assure Alistair Finlay de la police. Son supérieur Alan McCrum a confirmé « l’orchestration » des violences par le groupuscule, qui a pourtant officiellement renoncé à la lutte violente et rendu toutes ses armes dans le cadre de l’accord de paix de 1998. Le responsable policier a précisé avoir « posté des forces additionnelles sur les lieux lundi soir mais personne n’aurait pu anticiper l’ampleur des troubles ».
La nouvelle victoire électorale enregistrée au mois de mai par le Parti démocratique unioniste (PDU) et le Sinn Féin (républicain), autrefois ennemis et désormais alliés au sein de la coalition gouvernementale, avait confirmé la volonté de la majorité des protestants et des catholiques du pays à prolonger la paix. Elle semble pourtant avoir décidé certains extrémistes à agir pour remettre en cause ce nouvel état de fait. Le Parti unioniste d’Ulster et le Parti travailliste et social-démocratique, peu favorables aux compromis actuels, sont en effet désormais largement minoritaires au Parlement. Hasard ou pas, ces partis ne se sont pour le moment pas prononcés officiellement sur les troubles actuels, laissant planer le doute sur leurs intentions.
Le vice-premier ministre Martin McGuinness, du Sinn Féin, a lui clamé « qu’il ne sera pas permis à la petite communauté d’individus déterminés de déstabiliser nos communautés, de nous faire replonger dans le passé ».