Lors d’une allocution prononcée à l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN), le 20 mai dernier, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Edouard Guillaud, a déploré le « piétinement d’une Europe cacophonique ou aphone, selon les cas, incapable de se concevoir en puissance globale sur la scène internationale ».
Le constat établi par le CEMA en matière de défense européenne vaut aussi pour l’Otan. Aussi, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui va quitter prochainement ses fonctions, a mis en garde les pays membres de l’Alliance atlantique (dont la plupart font aussi partie de l’Union européenne) contre la réduction de leurs dépenses militaires et leur manque de volonté politique.
« Il est devenu douloureusement évident que des lacunes – en capacité et en volonté – ont le potentiel de compromettre la capacité de l’Alliance à mener une campagne intégrée, efficace et durable dans les airs et sur mer » a ainsi affirmé le chef du Pentagone devant le centre de réflexion bruxellois Security and Defense Agenda, au lendemain d’une réunion des ministres de la Défense des 28 pays membres de l’Otan.
Même si il est de bon ton de souligner que l’opération Unified Protector, conduite en Libye sous le commandement de l’Otan, se déroule sans les moyens offensifs de l’armée américaine, il n’en demeure pas moins que cette dernière apporte son soutien en matière de logistique (notamment dans le domaine du ravitaillement en vol) et de renseignement.
Autre exemple : celui de l’aviation danoise, engagée dans les opérations en Libye. Selon le quotidien Politiken, elle manquerait de munitions pour ses F-16 et aurait donc été contrainte d’en demander aux Pays-Bas pour reconstituer ses stocks.
Pour Robert Gates, il est impératifs que les pays européens, pour qu’ils deviennent des « partenaires sérieux et capables pour ce qui relève de leur propre défense », investissent dans « des moyens de soutien cruciaux comme des hélicoptères, des avions de transport, des unités de maintenance, de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ». Faute de quoi, l’Otan ne sera militairement plus crédibles.
« Nous tournant vers l’avenir, afin d’éviter la possibilité très réelle d’une inutilité militaire collective, les Etats membres (ndlr, de l’Otan) doivent examiner de nouvelles approches pour améliorer leurs capacités de combat » a affirmé Robert Gates.
Toujours selon lui, les Etats-Unis, qui contribuent à hauteur de 75% du budget de l’Otan, pourraient réduire leurs contributions pour juguler leurs déficits budgétaires. Les contribuables américains n’ont pas à « assumer le fardeau croissant créé par les réductions des budgets de la défense » a lancé Robert Gates.