Christophe Cambadélis aurait-il usurpé ses diplômes afin de favoriser sa carrière politique au Parti socialiste ?
C’est ce qu’affirme aujourd’hui Laurent Mauduit, ex-membre de l’Organisation communiste internationale (OCI) devenu journaliste au Quotidien de Paris, à Libération, au Monde et à Mediapart, dont il est un co-fondateur. Dans un livre à paraître demain, À tous ceux qui ne se résignent pas à la débâcle qui vient, il balance sur ces ex-camarades et notamment sur l’actuel premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Camabadélis, qui pour servir son ambition politique, se serait inventé un CV d’intellectuel.
Mediapart publie aujourd’hui le chapitre du livre qui relate l’épisode. Laurent Mauduit raconte que « Camba » n’a en aucun cas passé un doctorat en sociologie en 1987 sur Les Mouvement sociaux sous la Vème République :
« Du passé, j’avais seulement gardé le souvenir des moqueries continuelles que Jean-Christophe Cambadélis suscitait parmi les étudiants de l’OCI, à l’évocation de son cursus. Beaucoup le raillaient en observant qu’il s’était plusieurs années de suite inscrit en première année universitaire, chaque fois changeant de discipline, et qu’il avait fini par obtenir un doctorat de troisième cycle, sans que l’on sache comment. »
Selon le journaliste :
« Jean-Christophe Cambadélis passe son doctorat, c’est en juin 1985. Le sujet de son travail ne porte pas sur “Les mouvements sociaux sous la Ve République” mais sur “Bonapartisme et néocorporatisme sous la Ve République”. Surtout, Cambadélis a accédé à une filière universitaire, celle du doctorat, à laquelle légalement il ne pouvait prétendre puisqu’il n’avait pas les diplômes antérieurs requis. »
Mauduit relate ensuite les moyens mis en œuvre par ce cadre trotskyste-lambertiste du syndicalisme étudiant pour tricher en toute impunité. L’extrait fait froid dans le dos :
« Dans le courant de l’année 1984, Jean-Christophe Cambadélis veut à toute force décrocher un doctorat pour favoriser son plan de carrière. Comme il n’a ni licence, ni maîtrise, ni, a fortiori, DEA, il a d’abord l’idée de fabriquer un faux diplôme universitaire (DU) – il s’agit d’un diplôme d’une université mais qui n’a pas de portée nationale. Ce faux diplôme est ainsi fabriqué […]. Le diplôme porte l’en-tête de la faculté du Mans qui, d’après les témoignages concordants que j’ai recueillis, a été utilisée à la même époque par plusieurs autres dirigeants de la mouvance UNEF-MNEF, qui ont voulu se fabriquer de faux diplômes. Selon mes informations, ce diplôme contrefait est grossier. Sans doute Jean-Christophe Cambadélis pense-t-il qu’il prendrait un trop grand risque en le versant dans son dossier universitaire pour s’inscrire à l’université de Paris-VII-Jussieu – où il n’a jusqu’à présent pas mis les pieds. [ …] Quoi qu’il en soit, c’est ni vu ni connu. En juin 1985, Cambadélis soutient sa thèse et obtient haut la main son doctorat. Le jury qui le lui accorde présente cette singularité : deux de ses membres sont des proches. Le premier est Pierre Fougeyrollas, que Jean-Christophe Cambadélis côtoie au siège de l’OCI. Le deuxième, Gérard Namer (1928-2010), est un professeur de sociologie et universitaire socialiste avec lequel Cambadélis, comme il le rapporte sur son blog, a créé peu avant des sections Force ouvrière dans l’enseignement supérieur.
Étonnant jury qui entretient des liens multiples avec l’étudiant auquel il s’apprête à délivrer un doctorat. [ …] La thèse, il faut le dire, est très médiocre. Des jours durant, les proches de Cambadélis ont vu son assistante taper frénétiquement à la machine à écrire pour saisir le travail universitaire, et reprendre des passages entiers de publications de l’OCI, et notamment de son organe théorique, La Vérité, ou de son hebdomadaire Informations ouvrières. […] Il n’empêche, la soutenance se passe bien. Il y a même foule pour y venir assister. Une bonne partie du bureau politique de l’OCI se trouve dans l’assistance, dont Pierre Lambert, ainsi que nombre de figures connues du bureau confédéral de Force ouvrière, parmi lesquelles Roger Sandri. Il y a aussi une grosse cohorte des cadres de l’UNEF. Qui sait parmi ceux-là que Cambadélis soutient cette thèse parce qu’il a le projet secret de faire carrière au PS ? Peu de monde, sans doute. Après la soutenance, une réception est organisée par l’UNEF pour fêter l’heureux récipiendaire de ce doctorat. L’atmosphère est à la liesse ; tous les participants, ou presque, ignorent que le doctorat de Cambadélis est usurpé.
Ce dernier contrevient du reste à la tradition qui veut que l’on organise un pot de thèse avec ses proches et sa famille. Lui, c’est plus de quatre cents personnes qu’il réunit, pour l’occasion, dans la salle B de la Mutualité. Et s’il y a autant de monde, c’est à l’évidence parce que le nouveau docteur en sociologie veut que le Tout-Paris socialiste sache qu’il a, en même temps que les diplômes, l’étoffe d’un intellectuel brillant. »
Pour l’instant ces accusations n’ont pas fait les grands titres de la presse. Le suivi de cette affaire sera l’occasion de vérifier l’ampleur des protections dont bénéficie Jean-Christophe Cambadélis. Protections sans doute plus forteq que celles de Thomas Thévenoud, avec qui la direction du PS s’était donné une image de fermeté à bon compte.