George Soros et Pierre Bergé n’ont pas seulement en commun un âge avancé et un compte en banque bien garni. Ils ont aussi, chacun à leur manière, une façon bien précise d’influencer le monde culturel et politique. Comme nous allons le constater, notre philanthrope français utilise les mêmes leviers que son homologue américain.
Né en 1930 sur l’ile d’Oléron, d’une mère institutrice progressiste adepte de la pédagogie Montessori et d’un père fonctionnaire des contributions, il monte sur Paris en 1948 et fait connaissance de nombreuses personnalités du monde culturel, telles que Cocteau, Aragon, Camus, Sartre. Il sera même le compagnon et gestionnaire de carrière de Bernard Buffet pendant 8 ans [1].
Il créé en 1950 son premier journal, Patrie mondiale, en collaboration avec Garry Davis, dont il avait rejoint le mouvement au nom très évocateur de « Citoyens du monde ». Il est d’ailleurs toujours au conseil consultatif de la World Citizen Foundation à laquelle contribuent, entre autres, le think tank « progressiste » Terra Nova ainsi que Le Monde diplomatique [2].
La rencontre avec « l’homme de sa vie », Yves Saint-Laurent, remonte à 1952. Ils créent en 1961 la maison de couture « Yves Saint-Laurent » en s’appuyant sur le financement du milliardaire américain J. Mack Robinson [3]. Ils acquièrent en 1966 la villa du serpent dans la médina de Marrakech et le Jardin Majorelle plus tard dans la même ville en 1980 [4]. Ils publient en 1967 La Vilaine Lulu, bande-dessinée sataniste aux allusions pédophiles plus qu’explicites [5].
Du coté politique, Pierre Bergé soutient d’abord Mitterrand lors des élections présidentielles de 1988, à travers le magazine Globe, puis ensuite Jacques Chirac lors des élections de 1995 [6]. Lors des municipales de 2001 et 2008, il se range officiellement du coté de la gauche parisienne de Delanoë [7]. Il s’engage pour Ségolène Royal dans la présidentielle de 2008, en prenant en charge le loyer du siège de la candidate et en créant l’Association des amis de Ségolène Royale. Il continue à la soutenir lors de la primaire de 2011 en affirmant néanmoins ne plus la financer. Rappelons que son homologue américain est, quand à lui, connu pour financer le parti démocrate et les associations avec lesquelles ce parti est affilié, même s’il déclare ne pas être l’homme d’un parti [8].
Bergé a présidé l’association Arcat Sida avant de créer en 1994, avec Line Renaud, Ensemble contre le Sida, qui deviendra plus tard le Sidaction (mais aussi en 2009 le fonds de dotation Pierre Bergé, qui s’engage à verser 2 millions d’euros par ans pendant 5 ans) [9]. Dans la foulée, en 1995, il créé le magazine Têtu, qu’il revendra pour 1 euro symbolique en 2013 à un proche de François Hollande, Jean Jacques Augier, qui fut son trésorier de campagne lors de l’élection présidentielle de 2012 mais aussi actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïmans, par le biais de son holding financier Eurane [10].
Pierre Bergé soutient par ailleurs activement SOS Racisme et Act Up Paris (il a d’ailleurs été entendu par la justice dans le cadre de l’affaire Julien Dray). Soros est lui aussi engagé dans la lutte contre le sida, à l’échelle mondiale, et il est intéressant de noter que l’Open Society est en lien avec Gregg Gonsalves, qui a longtemps été l’une des figures d’Act Up avant de critiquer l’activisme thérapeutique d’Act Up Paris, qu’il jugea « irrationnel et dangereux pour les malades » [11].
- Pierre Bergé, une main paternelle posée sur Cindy Leoni, la présidente « israélo-sénégalaise » de SOS Racisme
Du coté des médias, George Soros est supposé avoir des liens avec une trentaine de médias dont le New York Times, le Washington Post, Associated Press, NBC et ABC. Pierre Bergé, lui, a créé en 1990 avec Jacques Rosselin le Courrier International [12]. En 2010, en association avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse, il devient actionnaire majoritaire du Groupe Le Monde et il fait voter une augmentation de capital, ainsi que la perte de contrôle du groupe par ses salariés actionnaires et internes (dont notamment les journalistes). Le 15 décembre 2010 Il devient président du Conseil de surveillance du Monde SA et de la SEM (Société éditrice du Monde) [13].
Comme George Soros par l’intermédiaire de l’Art and Culture Program de l’Open Society, c’est aussi dans la culture que Pierre Bergé s’investit le plus à travers sa fondation Pierre Bergé/Yves Saint-Laurent.
En 1977, il achète le théâtre de l’Athénée-Louis-Jouvet, avant de le revendre à l’État. Il créé l’Institut français de la mode et du textile en 1986 (il en assure toujours la présidence). Il est nommé président de l’Opéra national de Paris en 1988, poste qu’il conserve jusqu’en 1994 avant d’en devenir président d’honneur. Il participe à la souscription nationale pour l’achat du tableau Saint Thomas à la pique de Georges de La Tour par le Musée du Louvre la même année [14].
En 1993, il est nommé ambassadeur de bonne volonté de l’UNESCO et promu commandeur de la Légion d’honneur, puis nommé commandeur des Arts et des Lettres [15].
Il est en 1996 le mécène de Charlotte Perriand pour son exposition au Design Museum de Londres. Il supporte aussi en 1998 avec Yves Saint-Laurent la rénovation de deux salles de l’aile nord de la National Gallery à Londres et du pyramidion de bronze posé sur l’obélisque de la place de la concorde [16].
Il créé en 2001 la maison de vente Pierre Bergé & associés et fait du mécénat pour la rénovation et les aménagements intérieurs des collections historiques du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou et de l’exposition « Picasso érotique » à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. La même année, il est nommé Grand Mécène des Arts et de la Culture. Il devient, en 2007, actionnaire du journal Libération [17].
En 2009, après le décès d’Yves Saint-Laurent, il organise des ventes de leurs collections dont les profits iront à la recherche sur le VIH et le Sida. Il finance en 2010 le projet de restauration de la Maison Zola à Medan et crée le musée Alfred Dreyfus, dont il assure la présidence. La même année, il s’illustre internationalement en proposant de restituer à la Chine des statues de bronze rares volées par l’armée française en 1860, à condition que la Chine applique les droits de l’homme : « Je suis absolument prêt à donner ces deux têtes à la Chine. Tout ce que je demande en contrepartie est que ce pays donne les Droits de l’Homme, la liberté au Tibet et accueille le dalaï-lama. » Ceci avait évidement provoqué la colère de Pékin [18].
Il est par ailleurs le financier de la Fondation Danielle Mitterrand et de la Fondation de l’université d’Avignon [19].
Il organise au Théâtre du Rond-Point, par le biais d’un collectif qu’il préside avec Jean Michel Ribes, une soirée de soutien au « mariage pour tous » le 27 janvier 2013, qui compte parmi les partenaires médias la fondation Terra Nova, qui travaille parfois en partenariat avec l’Open Society de George Soros ou qui reprend les recherches de celle-ci [20].
D’ailleurs, Terra Nova compte parmi ses partenaires des think tanks progressistes financés par l’Open Society [21].
Ajoutons que la fameuse pièce très controversée de ce même théâtre, Golgota Picnic, était déjà financée par la Fondation Pierre Bergé/ Yves Saint-Laurent, la société anonyme Baron de Rothschild, EDF, Arte, Air France, le ministère de la Culture et celui des Affaires étrangères et européennes, le Conseil régional d’Île-de-France et la mairie de Paris [22].
- Jean-Michel Ribes et Pierre Bergé ; le mariage gay est vraiment une idée « populaire » !
On peut donc s’apercevoir assez facilement que Pierre Bergé, tout comme George Soros à une échelle supérieure, influence le monde culturel, médiatique ou politique par le biais de ses groupes communautaires et élitistes, mais aussi grâce à sa fortune. La culture, l’information sont ainsi aux mains d’une minorité homogène d’un point de vue idéologique. La « démocratie » est-elle donc le reflet de la volonté bien comprise des peuples, ou un outil au service d’une minorité apatride ?