Cette fois c’est le président de la Cour constitutionnelle fédérale allemande, Andreas Voßkuhle, 50 ans, qui vient de refuser de lire le discours de remise du prix prestigieux Theodor Heuss à Daniel Cohn-Bendit, 68 ans, qui devait célébrer son combat pour la démocratie et les droits fondamentaux le 20 avril à venir.
« Le Président ne pouvait pas associer la Cour avec des écrits parlant de la sexualité entre les adultes et les enfants », explique le service de presse.
Curieusement les élus et financiers ou ancien Président fédéral comme Richard Von Weizsäcker qui forment la Fondation Theodor Heuss ou le nouveau Président fédéral et ancien patron des archives de la Stasi et ancien nominé du prix Theodor Heuss, Joachim Gauck, ne dénoncent pas ouvertement les dires de l’ancien « hippie » vert datant de son ouvrage des années érotiques écrit en 1975, Le Grand Bazar, où Daniel Cohn-Bendit évoque :
« Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d’autres gosses ? Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même. »
Source : lexpress.fr
Fondation
La très sérieuse Theodor Heuss Stiftung, du nom du premier président fédéral (1884-1963), symbole sacré de la démocratie et d’une constitution retrouvée pour avoir redonné une virginité à l’Allemagne d’après-guerre, qui « soutient la pédagogie politique et la culture en Europe, est une fondation qui récompense des personnalités politiques depuis 1965 pour leur comportement exemplaire envers la démocratie et pour la défense de l’épanouissement individuel. Le but de la fondation est de mettre en valeur des initiatives et des engagements civiques. Les nominés sont ainsi devenus une preuve temporelle de la démocratie », peut-on lire sur le site. À lire ce contenu et en connaissant la décision du patron de la Cour constitutionnelle fédérale allemande, on pourrait rire si le sujet n’était pas aussi grave.
Car en Allemagne, même si la loi permettant d’avoir des relations sexuelles avec son animal domestique a été modifiée seulement en 2012 pour protéger les petits animaux, une accusation d’actes pédophiles envers un enfant entraîne traditionnellement la prison et non pas la clémence de la société et de la justice, qui se veut exemplaire sur ce terrain. Récemment encore, l’Allemagne a été secouée par des actes pédophiles au sein de l’Église allemande ou parmi les écoles religieuses, où, plusieurs années après les faits, des enfants devenus adultes ont révélé des actes d’attouchements ou de viols subis durant leurs années scolaires.
L’Allemagne, très sensible envers ce sujet, punit rapidement, et souvent dans les cas d’accusations d’attouchements sexuels d’un parent envers un enfant par un autre parent, sans laisser le temps à la personne accusée de prendre une bouffée d’air. Dans le cas de Daniel Cohn-Bendit cela fait bien trente-huit ans que l’évocation sexuelle envers les enfants est dans son livre intitulé Le Grand Bazar, édité en 1975. Mais la figure de proue de la Révolution 68 a toujours eu curieusement le loisir de prendre des bouffées d’air durant sa carrière politique, sans être réellement inquiété par ses dires et écrits, qui relèvent de la pédophilie.
Fin d’une ère
Die Grünen [« les Verts », ndlr], c’est fini. En 2010 Angela Merkel déclarait officiellement la fin de l’ère de la société multiculturelle car « c’est un échec ». En 2013 la décision du président de la plus haute cour allemande, qui avait cinq en 68, peut se traduire par « Die Grünen, c’est un échec ». Même si des voix comme Gesine Schwan, SPD, la présidente de l’université Humboldt-Viadrina school of Governance, qui elle aussi reçoit un prix Erich-Fromm-Preis en 2013 pour récompenser son engagement européen, explique que « les vétérans de ces années 69 sont excusables » car « ils ont des biographies explosives ».
Avec les réformes politiques en Allemagne qui visent à nettoyer la vie politique par l’emploi de nouveaux mots comme « Leitlinien » (lignées directives) ou « Leitkultur » (culture directive) des années 2005, lancés par le président du Bundestag Norbert Lammert, CDU, par les coups de balai récents sur les faux diplômes des divers ministres et élus politiques ou par le sabotage du navire du parti des Pirates, la ligne de mire est aujourd’hui orientée sur la tête de Dany le Rouge. Le nettoyage politique de printemps vient de commencer outre-Rhin et Angela Merkel, qui tient la culotte dans son ménage, semble bien manier le balai.
Profil bas
Cette fois loin de montrer de l’ironie et ne tentant pas de répéter ses dires sur la question avec fierté comme il l’a fait dans l’émission culte Apostrophes en 1982 (« vous savez la sexualité d’un gosse c’est absolument fantastique. Avec les gosses qui avaient entre quatre et six ans, vous savez quand une petite fille de cinq ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique car c’est un jeu érotico-maniaque »), le Révolutionnaire des années 68-69 cherche, aujourd’hui, à s’excuser pour un contenu qu’il considère avec le recul « pas intelligent et qu’il ne faut pas lire en dehors du contexte de l’époque » où le mouvement des Verts réclamait la fin de la scolarisation obligatoire et les relations sexuelles avec des mineurs.
Fondation douteuse
La Theodor Stiftung apparaît loin de son image sérieuse avec sa volonté de toujours remettre le prix à l’auteur du Grand Bazar. Tout semble pécher entre ses murs. Des membres de la fondation ont été des individus actifs du SED du temps de la RDA, le parti politique qui avait organisé le système stasi et des répressions politiques comme on peut le voir dans le film La Vie des autres de Florian Henckel von Donnersmarck. C’est le cas de Martina Weyrauch, qui a fait ses études de droit en RDA, qui a travaillé pour le SED sans pour autant avoir été, selon les dires, directement active pour la Stasi, qui aujourd’hui se trouve dans le curatorium de la fondation Theodor Stiftung en étant aussi la directrice de la Centrale du Land de Brandenburg pour la formation politique basé à Potsdam et qui compte comme curateur le ministre président du Land de Brandenbourg, Matthias Platzeck, SPD, le successeur de Manfred Stolpe accusé sans succès d’avoir travaillé pour la Stasi. Ce dernier étant invité encore cette année à tenir une conférence dans les murs de la fondation dirigée par Martina Weyrauch, on peut se demander doublement sur la qualité de la Theodor Stiftung à remettre un prix sur les valeurs de la démocratie. Surtout que les étudiants en droit de la RDA ont été ceux qui subirent les programmes d’épuration lancés par la RFA.