Beaucoup de jeunes Français ont oublié ce qu’était Pâques, alors on va le leur rappeler. Pourtant, 48 % des Français se disent catholiques, et un peu plus de 6 % d’entre eux (de tous les Français) se disent catholiques pratiquants. Nous avons encore, malgré les incendies et les destructions programmées qui se multiplient, 42 000 églises, 12 000 paroisses et 15 000 prêtres. La France est un pays de socle chrétien et de culture grecque.
Ceci étant rappelé, la pratique se meurt doucement, tout le monde peut le voir en passant devant l’église de son village ou de sa ville un dimanche matin. Et puis, tout a été fait pour que les églises se vident, dans notre pays. Voici le moment où le déclin a eu lieu (Source : HAL).
La croyance en une vie meilleure au Ciel se mue en croyance d’une vie meilleure sur Terre. Mais le message du Christ ne disait pas exactement ça : Jésus de Nazareth n’était pas coupé du réel, comme un Emmanuel Macron. Le rituel catholique s’est calqué sur la vie de Jésus, et ses 40 derniers jours ont forgé nos traditions :
Avant Pâques s’écoulent quarante jours qui sont appelés « Carême », une période qui s’étend du lendemain de mardi gras – le mercredi des cendres – au dimanche pascal. Ces quarante jours, qui représentent les quarante jours de Jésus dans le désert de Judée, sont traditionnellement consacrés au jeûne, à la prière et au partage. La semaine avant le dimanche de Pâques est appelée « semaine sainte », et débute par le dimanche des Rameaux. Le Jeudi Saint représente le dernier repas du Christ avec ses apôtres – la Cène – tandis que le Vendredi Saint est celui de la « Passion du Christ », sa crucifixion. Pâques correspond au « troisième jour », durant lequel le Christ est, pour les chrétiens, ressuscité. (geo.fr)
On résume : jeudi, Jésus dîne pour la dernière fois avec ses potes, les apôtres. Il se fait serrer par une bande de miliciens juifs, qui l’ont retrouvé sur dénonciation. Ici, on laisse la place au récit d’un des Évangiles :
« De nouveau, Jésus s’éloigna et pria en disant : “Mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite !” Revenu près de ses disciples, il les trouva endormis, car leurs yeux étaient lourds de sommeil. Il les laissa et retourna prier pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Alors, il revint vers ses disciples et leur dit : “Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer ! l’heure est proche où le Fils de l’Homme sera livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Le voici tout proche celui qui me livre.”
Il parlait encore quand Judas arriva avec toute une troupe armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres et les anciens du peuple. Le traître leur avait donné un signe : “Celui que j’embrasserai, c’est lui, arrêtez le !” Aussitôt s’approchant de Jésus, il lui dit : “Salut Rabbi !” et il l’embrassa. Jésus lui dit : “Mon ami fais ta besogne.” Alors, ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent.
Un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à son épée, la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille. Alors, Jésus lui dit : “Rentre ton épée car tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père qui mettrait aussitôt à ma disposition plus de douze légions d’anges ? Mais alors comment s’accompliraient les Écritures ?”
Et Jésus dit à la foule : “Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais assis dans le Temple où j’enseignais et vous ne m’avez pas arrêté. Mais tout cela est arrivé pour que s’accomplissent les écrits des prophètes.” Alors, les disciples l’abandonnèrent tous et prirent la fuite.
Les soldats saisirent Jésus, l’enchaînèrent et le conduisirent chez Hanne, beau-père de Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là. Il se mit à questionner Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : “J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit.” À cette réponse, un des gardes, qui était à coté de Jésus, lui donna une gifle en disant : “C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ?” Jésus lui répliqua : “Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?” Là-dessus, Hanne envoya Jésus, enchaîné, au grand prêtre Caïphe. »
Que les jeunes de tous bords, ceux des beaux quartiers et même des quartiers pourris, comprennent bien : Jésus, dont la popularité et le message constituent un vrai risque politique pour le Sanhédrin, soit la dominance de l’époque, ces grands prêtres juifs qui collaborent avec l’occupant romain, a été balancé par Judas, et se retrouve face à Caïphe, le grand prêtre du temple de Jérusalem (même si d’autres sources parlent du grand prêtre Anan, mais c’est kif-kif puisque Anan est le beau-père de Caïphe) – disons le Jacques Attali de l’époque –, qui fait en sorte que Jésus soit crucifié par Pilate, le préfet romain de Judée. Disons le ministre de l’Intérieur, ou le préfet de Paris.
Même Wikipédia nous dit que Caïphe entretenait de bonnes relations avec Pilate. C’est incontestable, et cela explique pourquoi Pilate, après avoir interrogé Jésus et ne rien avoir trouvé de criminel chez lui, mais poussé par Caïphe, a finalement cédé et laissé crucifier l’innocent, l’agneau (d’où manger de l’agneau à Pâques). Or, et c’est pourquoi on cite Wikipédia, à la page du procès de Jésus, on trouve une chose assez extraordinaire, qu’on peut sans conteste qualifier de révisionnisme historique. Mais pas dans le sens attendu, vous allez voir.
En effet, à l’issue du procès, Jésus se voit condamné à mort pour blasphème, ce qui se heurte à une double impossibilité technique : les synoptiques décrivent le Sanhédrin se réunissant pour une séance de nuit, ce qui n’est pas plausible, et, par ailleurs, le Sanhédrin n’avait plus à cette époque le pouvoir de prononcer la peine capitale. Marie-Françoise Baslez note que « le déroulement des faits selon les synoptiques » obligerait à admettre une « exception en matière de crime religieux » qui se révèle « inconcevable », comme le prouve plus tard le débat autour de la lapidation de Jacques le Juste. Et de conclure : « Pilate est donc bien le seul qui avait les pouvoirs de condamner Jésus. »
Ça alors, ce n’est plus le pouvoir religieux juif de l’époque qui a assassiné Jésus, mais le pouvoir romain !
Le commanditaire, et le bras...
Or, Jésus ne gênait pas Rome, en plus il avait dit de « rendre à César ce qui appartenait à César », autrement dit, je ne veux pas le pouvoir terrestre. Le pouvoir céleste, par contre, la conquête spirituelle, oui ! Et c’est ça qui a signé son arrêt de mort, sous l’acception de « blasphème ». Pour Pilate et les Romains, l’affaire Jésus est une embrouille entre juifs, la seule chose que les Romains veulent, c’est le calme, la paix sociale, et pour cela, ils acceptent de céder à la demande de Caïphe (ou Anan).
Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ! C’est bien le Sanhédrin qui a éliminé Jésus, pour une histoire de concurrence spirituelle, et pas les Romains, qui n’étaient pas concernés par cette affaire interne.
Pâques, qui est devenue une gentillette histoire de gigot du dimanche et de capture d’œufs en chocolat, est au départ une affaire éminemment politique, qui a eu des conséquences sur toute l’histoire de l’Occident. Et de l’Orient. Et aujourd’hui encore, dans le conflit entre l’OTAN américano-sioniste et la Russie chrétienne.