Le ministère de la Défense a présenté récemment son « Pacte Défense Cyber », un plan d’action en 50 points pour cadrer ses actions en matière de cyberdéfense. Jusqu’ici, rien de plus normal, il s’agit évidemment d’un enjeu d’importance cruciale. Toutefois, ce qui retient immédiatement l’attention, c’est la tension (voire contradiction) entre d’une part l’impératif de souveraineté dans ce domaine hautement stratégique et, de l’autre, l’insistance du Pacte sur des cadres de coopération internationale où, c’est le moins que l’on puisse dire, les partenaires de la France ne partagent pas forcément ce souci.
Un sujet de souveraineté par excellence
Le dernier Livre blanc reconnaît « la sécurité des systèmes d’information » comme « composante essentielle de la souveraineté nationale ». Une vision exprimée aussi par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, dans son discours à Rennes en juin dernier, en ouverture d’un colloque sur la cyberdéfense. Le risque, « c’est désormais l’atteinte aux intérêts stratégiques de l’État et à notre autonomie d’appréciation, de décision et d’action, par la menace cyber. C’est un enjeu majeur de défense et de souveraineté de la Nation. »
Patrick Pailloux [1], ancien directeur général de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), parle même de la « souveraineté de la souveraineté ». Pour lui, « si nous ne sommes pas capables de protéger nos propres données, le reste ne sert à rien. À quoi servirait de concevoir entièrement par nous-mêmes des systèmes de défense placés sous notre contrôle exclusif si nous sommes impuissants pas ailleurs à assurer leur protection ? (…) Il s’agit de conserver la capacité – que la France avait par le passé – de protéger ses informations de manière autonome. »
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