L’Iran a officiellement remis son panel de propositions au groupe des 5+1 (Russie, Chine, France, Etats-Unis, Grande-Bretagne + Allemagne). Le document de 5 pages est disponible au grand public et a été mis en ligne par le site ProPublica.
Franchement rien de pertinent. Le texte évoque à peine le nucléaire. Il ne consiste qu’en une énumération de point d’abord très abstrait puis un peu plus concret. A tout casser, un bon résumé de la position et de la ligne officielle de la République Islamique. Quelques passages.
Il n’y a aucun doute que notre monde est au seuil d’une nouvelle aire. L’aire difficile, caractérisée par la domination des empires, la prédominance des puissances militaires, la dominance de réseaux médiatiques organisés et interconnectés et les compétitions sur base de la capacité offensive et le pouvoir à partir d’armes conventionnelles et non-conventionnelles, arrive à sa fin. (…) La nation iranienne est préparée à dialoguer et à négocier afin de jeter les bases d’une paix durable (…).
Le document définit des axes de travail qu’il détaille en 3 domaines principaux “pour la paix et la prospérité“ : “les problèmes politique et de sécurité, les problèmes internationaux et les problèmes économiques“.
Au sujet du nucléaire à proprement dit, l’Iran précise qu’elle souhaite “une définition et une codification des droits en rapport avec les nouvelles technologies“. Il plaide également pour un rôle plus équitable de l’AIEA et une application universelle du Traité de Non Prolifération afin de “prévenir le développement et la prolifération nucléaire, la production d’armes chimiques et microbiennes“.
La RII souhaite donc discuter sur des points, somme toute, décisifs mais ne propose à aucun moment de geler l’enrichissement d’uranium. Condition sine qua non de l’Occident pourtant. Il n’y a, dès lors, tout simplement aucune sortie de crise possible. Les Européens et les Américains restent convaincus que l’Iran souhaite se doter de la bombe A ; ce que continuent de nier en bloc les dirigeants iraniens. Quoiqu’il en soit, la réaction positive de la Russie devrait lui permettre d’échapper aux sanctions pétrolières. On attend celles des chancelleries occidentales (assez prévisibles) et de la Chine. En attendant faisons le point sur le projet nucléaire.
L’Iran poursuit-il un objectif militaire ?
Vraisemblablement non. En tout cas aucun élément ne va dans ce sens. L’AIEA n’a jamais pu réunir de preuves démontrant que l’Iran souhaitait acquérir l’arme nucléaire. Certains pointent cependant le manque de coopération des autorités iraniennes avec les inspecteurs de l’énergie atomique.
Et puis il y a aussi ces deux rapports troublants des services secrets américains. Le premier, publié en 2007, estimait que les Iraniens avaient stoppé leur projet militaire en 2003. L’Administration Bush avait pourtant persisté à dénoncer farouchement la menace iranienne.
Le second rapport, diffusé il y a quelques jours, vient valider le premier. Il confirme la thèse selon laquelle l’Iran aurait renoncé à franchir le cap de la bombe malgré le fait qu’il ait produit suffisamment d’uranium enrichi. Il serait tout de même étonnant que les États-Unis se rallient aux conclusions de ses services de renseignements et décide d’atténuer les pressions.