Trois morts et quelque 300 blessés hier.
La capitale égyptienne a vécu une journée sanglante hier. Deux manifestants ont été tués au Caire dans des affrontements avec les forces antiémeute de l’armée, a-t-on appris de sources hospitalières.
Pour sa part, le ministère de la Santé a annoncé qu’un militaire a également été tué au cours des affrontements. Le soldat, décrit comme un appelé, a été touché par balle à l’estomac, précise le ministère dans un communiqué publié par l’agence officielle MENA. Le ministère a en outre fait état de 296 blessés, dont 131 ont été conduits à l’hôpital.
Des sources au parquet militaire ont indiqué que l’armée a arrêté 170 personnes. Le général Moukhtar al-Moulla, membre du Conseil suprême des forces armées (CSFA, au pouvoir), avait indiqué plus tôt dans une allocution télévisée que « toutes les mesures légales » seraient mises en œuvre pour les personnes impliquées dans ces événements ou qui auraient incité à la violence. Il a également annoncé qu’un couvre-feu serait imposé de 23h00 à 07h00.
Les échauffourées se sont produites à proximité du ministère de la Défense. Les manifestants ont échangé des jets de pierres avec les forces antiémeute de l’armée, qui ont aussi utilisé un canon à eau, des gaz lacrymogènes et chargé la foule à plusieurs reprises. Les affrontements se sont par la suite transformés en courses-poursuites avec des véhicules militaires dans de nombreuses rues du quartier d’Abbassiya, où des tirs nourris ont été entendus au milieu de scènes de chaos.
Les services de sécurité ont assuré qu’il s’agissait de tirs de semonce pour tenter de disperser la foule. En fin d’après-midi, certains manifestants se sont dirigés vers la place Tahrir dans le centre-ville, théâtre d’un autre rassemblement, dans le calme, depuis la matinée. Toutefois, malgré la relative accalmie de la fin d’après-midi, les affrontements ont repris en intensité en début de soirée.
Parallèlement à ces événements violents, une manifestation a également eu lieu à Alexandrie, deuxième ville du pays et fief islamiste. Ces rassemblements étaient soutenus par plusieurs mouvements prodémocratie ainsi que par des organisations islamistes comme les Frères musulmans, première force politique du pays, et ont encore fait monter la tension à l’approche de la présidentielle prévue à la fin du mois.
Le CSFA avait émis dès jeudi de fermes avertissements contre toute menace sur les bâtiments et installations militaires. Ces derniers jours, la contestation a été largement alimentée par des partisans d’un salafiste dont la candidature a été invalidée pour la présidentielle, Hazem Abou Ismaïl. Mais de nombreux manifestants exprimaient hier la crainte plus large de voir l’armée chercher à manipuler l’élection présidentielle historique, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai.