L’annulation d’une conférence par l’Université de Southampton (Angleterre) met en lumière des questions que les défenseurs d’Israël ont désespérément besoin de maintenir dans l’ombre.
[...] La pétition qu’a rédigée la Fédération sioniste contre la conférence, affirme qu’« Israël est l’expression du droit inaliénable à l’autodétermination du peuple juif ». Un rédacteur du Telegraph a déclaré que « la lutte [des juifs] pour l’autodétermination n’était pas différente de celle de Martin Luther King Jr contre la ségrégation ou de Nkruhmah contre l’impérialisme ». Fondamentalement, cependant, l’autodétermination n’équivaut pas à un État – et n’équivaut certainement pas à un État exclusif ethnique. En effet, l’extrait du Telegraph le reconnaît (involontairement) à travers sa référence au mouvement des droits civiques.
Le nombre total de groupes ethniques à travers le monde est estimé à quelque chose entre 600 et plusieurs milliers. Une étude a identifié 820 groupes ethniques dans 160 pays. L’Ouganda abrite à lui seul quelque 40 groupes ethniques différents. Ont-ils tous le « droit » à l’autodétermination à travers la création de leur propre État ?
C’est cette confusion entre « autodétermination juive », « État juif » et « sionisme », qui nous montre ce que les groupes pro-israéliens désirent le plus cacher, un processus parallèle de déni et d’effacement qui se trouve derrière l’invocation du « droit d’exister » d’Israël (et des menaces dirigées vers ceux qui le questionnent).
Tout d’abord, c’est la Nakba, le nettoyage ethnique de la Palestine, qui a permis à un État majoritairement juif d’émerger sur les ruines des maisons et des villages vidés. La dynamite et les bulldozers, et non la résolution 181 des Nations unies, sont les véritables fondements de l’« État juif ».
Deuxièmement, la réalité aujourd’hui de l’ethnocratie israélienne, c’est un système juridique institutionnellement raciste, qui exclut les réfugiés palestiniens et marginalise les citoyens palestiniens. Pendant ce temps, la même logique qui a façonné la colonisation de la Galilée a, depuis un demi-siècle, été à l’œuvre sur les hauteurs de la Cisjordanie.
La Nakba historique, l’ethnocratie contemporaine, et la relation entre les deux, sont les sujets tabous que les défenseurs inconditionnels d’Israël (y compris les « libéraux » autoproclamés), tentent de cacher, et que la conférence de Southampton devait examiner. [...]
Il n’existe pas de « droit » au nettoyage ethnique, aucun « droit » à l’installation et aux déplacements coloniaux, aucun « droit » à établir une législation discriminatoire, et aucun « droit » à un État ethnocratique majoritaire, qui continue de nier le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.