Trois ex-chefs d’État-Major de l’armée israélienne ne sont pas parvenus à vaincre Benjamin Netanyahou. Qualifiée parfois de parti des généraux, Bleu et Blanc, la nouvelle formation de centre droit de Benny Gantz, l’ex-chef d’État-Major de Tsahal, a fait jeu égal avec le vieux Likoud. Elle ne parvient pas cependant à détrôner l’indéboulonnable chef du gouvernement. Le Premier ministre, sortant qui jouait sa carrière politique entachée par des affaires judiciaires de corruption, a gagné son référendum. Il a réussi son pari. Son parti, le Likoud, progresse, obtenant au Parlement son meilleur score depuis seize ans.
L’analyse de Richard Labévière :
Après le dépouillement de 97 % des suffrages, il rafle 35 sièges sur 120 à la Knesset dans ce scrutin à la proportionnelle. Soit le même nombre de députés que la formation de Benny Gantz. La différence de voix entre les deux formations est infime puisqu’elle est de quelques milliers de voix. Ces résultats confirment le clivage de la société israélienne et ses fractures géographiques. Jérusalem, la « capitale » politique non reconnue par le droit international, a voté massivement pour la droite et les partis religieux tandis que les villes de la périphérie du Sud soutenaient Benjamin Netanyahou, dont le score est faible à Tel Aviv, bulle libérale centriste et de gauche. Une gauche en pleine déconfiture dans le reste de ce petit pays. Le Parti travailliste, celui des pères fondateurs de l’État hébreu, n’obtient que 6 sièges, la pire performance depuis sa création, et le Meretz, le parti des colombes, va avoir au Parlement une représentation réduite à la portion congrue.
Israël penche résolument à droite. Avec cinq partenaires potentiels dans son camp, Benjamin Netanyahou ne devrait pas se heurter à des difficultés insurmontables pour former son équipe gouvernementale dans les prochaines semaines. La bipolarisation des élections, qui ont été dominées par le duel entre le premier ministre au pouvoir depuis dix ans et son rival, ont poussé au vote utile. Si la gauche s’effondre, l’ultradroite ne progresse pas. Elle est même devancée par les formations religieuses. La Nouvelle Droite, dirigée par Naftali Bennett et Ayelet Shaked, s’approche mais ne franchit le seuil électoral de 3,25 % permettant d’avoir des élus à la Knesset. Quant aux libertariens messianiques, ils n’ont fait qu’illusion.
Cette configuration devrait décider le président Reuven Rivlin à confier dans les prochains jours à Benjamin Netanyahou, qu’il n’apprécie pas, le soin de former le gouvernement.