ROME - Le quotidien du Saint-Siège, "L’Osservatore romano", entre dans le débat sur l’opportunité d’approuver une loi prévoyant le délit de négationnisme et affirme "largement partagée" l’idée selon laquelle "punir par la loi quiconque nie la Shoah n’est pas la bonne solution". "Nier l’Holocauste est un acte très grave et honteux", déclare le journal d’Outre-Tibre dans un article publié dans l’édition à paraître demain sous le titre "Ce n’est pas à la loi de définir une vérité historique. Doutes de la communauté intellectuelle sur le projet d’introduction du délit de négationnisme en Italie". Mais sanctionner par une loi - poursuit "L’Osservatore" - celui qui soutient ces thèses, et par conséquent faire établir une vérité historique à travers une norme juridique, n’est pas la bonne solution. Cela risque, au contraire, d’être contreproductif : en démocratie la censure n’a pas lieu d’être, et finit par transformer en martyr celui qui en est frappé."
Telle est, explique encore "L’Osservatore romano", "en résumé la réaction largement partagée des historiens à la proposition d’introduction en Italie du délit pénal de négationnisme" lancée dans les pages de "La Repubblica" par le président de la communauté juive de Rome, Riccardo Pacifici. Proposition qui fait suite aux nombreux cas qui ont eu lieu récemment, le dernier en date étant celui du cours donné par le professeur Claudio Moffa à l’Université de Teramo. Le quotidien du Saint-Siège observe également que la position "de la majeure partie des historiens" "contraste avec l’appréciation quasi unanime du monde politique", à commencer par les "présidents du Sénat et de la Chambre, qui se sont déclarés prêts à soutenir et à accélérer le processus d’un éventuel projet de loi qui introduise le délit de négationnisme".
Puis "L’Osservatore" cite David Bidussa qui "dans la livraison de dimanche de ’L’Unione informa’, bulletin de l’Union des communautés juives italiennes diffusé en ligne par ’Moked", portail de la communauté juive italienne, soutient que ’une loi contre le négationnisme ne serait pas un choix intelligent, ni un choix clairvoyant. Cela n’aide pas à se faire une opinion ni à faire mûrir une conscience civile’."
Et ceci parce que "l’Italie a besoin d’une pédagogie, d’une didactique de l’histoire, d’une méthode de discussion et de réflexion sur les événements de l’histoire qui soit sérieuse et argumentée. On n’a pas besoin de lois qui ont pour seul effet d’augmenter la catégorie des martyrs’." Le journal rapporte aussi l’opinion de l’historien Sergio Luzzatto pour lequel le négationnisme est un mal culturel et social et qu’en conséquence ce serait une erreur que de lui accorder une importance pénale.