Entre un NPA en crise et un PCF confronté à des départs et à l’appétit de Jean-Luc Mélenchon, la gauche de la gauche traverse une phase de "décomposition-recomposition", plusieurs figures de la gauche radicale appelant, de nouveau, à "l’unité".
A peine plus d’un an après sa création, le parti d’Olivier Besancenot, après avoir raté, en solo, les régionales (2,5%), est ébranlé : difficultés financières, divisions sur sa candidate voilée et divergences sur sa stratégie.
L’altermondialiste Raoul-Marc Jennar, qui avait participé à la fondation du parti, a claqué la porte d’un NPA "cliniquement mort", car "le mixage des cultures politiques réunies à l ?origine" ne s ?est "pas accompli".
Du côté des "unitaires" du parti, il n’est "pour l’instant" pas question de quitter le navire, assure Yannick Herbert (courant Convergences et alternative), mais selon lui, "des gens partent" déçus par le refus d’unité du facteur de Neuilly. Après le congrès de novembre, d’autres pourraient suivre. La direction, elle, dément toute hémorragie de militants (8.000 adhérents) mais reconnait qu’environ 10% des 191 membres du parlement du parti ont quitté leur fonction.
Départs aussi au PCF où les "refondateurs" tels les députés Patrick Braouezec, François Asensi ou le maire de Nanterre Patrick Jarry, dénoncent la "logique de repli" du Parti malgré son alliance avec le Parti de gauche de M. Mélenchon. Quand Marie-George Buffet qui a perdu la moitié des conseillers régionaux PCF, dit vouloir encore "élargir" le Front de gauche (FG), M. Mélenchon rêve, lui, d’une alliance avec le NPA. L’eurodéputé se verrait aussi en candidat FG en 2012, une idée loin de plaire au PCF où certains évoquent "l’hypothèse" d’une candidature de Gérard Aschieri, ex-secrétaire général du syndicat FSU.
Pour Clémentine Autain, figure de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), ces mouvements sont le signe que la gauche radicale est en pleine "décomposition recomposition". La militante féministe a co-signé un appel "Faire front pour ouvrir l’espoir à gauche", avec les ex-PCF Patrick Braouezec ou Pierre Zarka, des militants "unitaires" du NPA comme Yann Cochin ou Leïla Chaibi, et des Alternatifs.
Forts de l’expérience en Limousin où l’alliance PCF-PG-NPA a obtenu 19,1% au second tour, ils se prononcent pour "un rassemblement politique crédible, durable, où puissent converger tous ceux qui luttent pour l ?émancipation" loin des "logiques isolationnistes" partidaires. Objectif : "l’unité" dans "les luttes" et "les prochaines échéances électorales".
Mais après l’échec de la candidature unitaire à la présidentielle 2007, le défi 2012 de la nébuleuse de la gauche radicale semble hors d’atteinte. "Une candidature unique, c’est l’idéal", dit Clémentine Autain. "Est-ce qu’on est capable de le faire en deux ans, ce n’est pas certain mais il faut en avoir l’objectif", poursuit-elle, car "beaucoup de gens attendent ça".
Pour Stéphane Rozès (Cap Conseil), "a priori, les choses sont stabilisées" entre un NPA résolument "contre le PS" et un FG "pour une gauche de gouvernement". Reste au Front de gauche à "tenir ensemble" autour d’un candidat commun pour "limiter les phénomènes de recomposition", juge le politologue.