Quand on écoute ce monsieur, à la tête de la très sympathique (avec le pouvoir) Cour des comptes, on a la dérangeante impression qu’il parle au nom des marchés, pour les marchés, au profit des marchés.

Si toi, petit contribuable français déjà lourdement ponctionné par l’État néolib macronien, tu n’acceptes pas le serrage de ceinture que je te prépare, alors ce sera pire, ce sera l’enfer.

Écoute, coco, c’est déjà l’enfer pour beaucoup, et on se demande si c’est pas carrément l’Enfer qui nous parle, là.

On connaît ce discours chantagier : l’objectif, c’est le serrage de ceinture permanent et croissant. Les marchés demandent à leurs employés infiltrés au sein des rouages de l’État (dit français) un cran de plus dans le serrage. À Bayrou de trouver les quarante milliards sur notre dos.

Aujourd’hui, beaucoup de Français découvrent la définition du mot survivalisme. La France compte dix millions de pauvres selon l’INSEE, au moins quinze en réalité (la moitié des foyers français ne paye pas d’impôts), dont certains ne tiennent que sur le crédit.

On n’emprunte plus pour investir, pour des travaux, pour une résidence secondaire, qui de toute façon sera sous confiscation d’une Wargon, non, on emprunte pour bouffer, et pour payer les soins principaux, pas les soins accessoires comme les dents et les yeux.

Ça, c’est pour les riches nantis d’une grosse mutuelle, et encore, les mutuelles arnaquent de plus en plus leurs clients solvables. Les sans-dents deviennent des sans-vue. La France, c’est un malade qui ne sourit plus et qui se cogne partout.

On écoute l’employé à la com’ (communication ou commission) des marchés nous menacer de toutes les foudres du ciel si l’on n’accepte pas de s’appauvrir. Au fait, où va notre argent ? Ah, c’est vrai, au remboursement de la fameuse dette (que le Président nous fabrique avec son argent magique), c’est-à-dire aux marchés, le véritable employeur de ce monsieur, puisqu’il parle en leur nom.

« Les Français doivent savoir que soit on fait un effort maintenant, raisonné, raisonnable, maîtrisé, volontaire, soit un jour c’est l’austérité qui nous viendra de l’extérieur. »

Petit malin : cette « austérité qui nous viendra de l’extérieur », elle vient justement des marchés, que tu connais très bien, puisque tu fais l’interface entre eux et le troupeau à tondre. La rigueur qu’on nous inflige est la condition sine qua non pour que ces marchés continuent à se gaver.

Un « extérieur » très pratique, une main de Dieu invisible mais qui frappe fort sur les pauvres qui refusent de se laisser encore appauvrir pour sauver le Système, c’est-à-dire la mainmise des marchés sur le pays. Et après on s’étonne que les gens ressortent leur gilet jaune...