Le général vietnamien Vo Nguyen Giap, vainqueur de Dien Bien Phu en mai 1954 et architecte du revers des Etats-Unis au Vietnam, s’est éteint, le 4 octobre, à l’âge de 102 ans.
Considéré comme étant l’un des plus importants stratèges de l’histoire militaire, il était avant tout un autodidacte qui s’était nourri des préceptes de ses prédécesseurs, qui mirent à plusieurs reprises les envahisseurs chinois en déroute, tout en tirant des leçons de ses échecs.
Né en août 1911 dans la province de Quang Binh, Giap ne se destine pas à une carrière militaire. Étudiant en histoire à Saïgon, il devient membre du Parti communiste. En 1939, il s’enfuie en Chine, où il rencontre Hô Chi Minh, lequel le charge de créer une armée révolutionnaire. Cependant, en 1945, il devient ministre de l’Intérieur du premier gouvernement auto-proclamé du Vietnam, avant d’être nommé à la Défense un an plus tard. A ce titre, c’est à lui que revient de mener les actions militaires contre le Corps expéditionnaire français en Extrême Orient.
En 1954, alors que les troupes françaises se préparent à livrer bataille à Dien Bien Phu, le général Giap décide, après avoir reçu des compte-rendu de plusieurs missions de reconnaissance, de changer au dernier moment ses plans opérationnels, qui prévoyaient une attaque rapide dès le mois de janvier. En cela, il suit les recommandantions de l’oncle “Hô”, qui lui avait dit : “N’attaque que si tu es sûr de la victoire”.
Finalement, l’offensive aura lieu deux mois plus tard. Comme il le confiera plus tard à l’hebdomadaire Le Monde 2, en avril 2004, l’attaque lancée le 13 mars contre les positions françaises avait “complétement surpris” le général Navarre.
Qui plus est, le général Giap était un fervent admirateur de Bonaparte, dont il a retenu du génie militaire le sens de “la concentration des troupes” et “l’effet de surprise”. “Pendant la campagne d’Italie, il a dit : ‘Là où une chèvre passe, un homme peut passer ; là où un homme passe, un bataillon peut passer”, s’était-il plu à citer lors du même entretien. Pour Dien Bien Phu, il avait utilisé 260.000 porteurs, plus de 20.000 bicyclettes, 11.800 radeaux, 400 camions et 500 chevaux pour faire acheminer les armes, les munitions et le ravitaillement à ses troupes.
Après Dien Bien Phu et les accords de Genève, qui ont coupé le Vietnam en deux, se profile l’intervention des États-Unis en soutien au régime sud-vietnamien. Même si Giap perdra de l’influence à la mort d’Hô Chi Minh, il jouera un rôle clé contre les troupes américains. “Derrière chaque victoire, on retrouvait Giap, qui en était la force motrice”, a ainsi indiqué Cecim Currey, l’un des biographes.
Dans les années 1980 et 1990, même s’il jouit d’une énorme cote de popularité au Vietnam, il est exclu du bureau politique, puis du comité central du Parti communiste.