Six mois après le pape de la gastronomie – Paul Bocuse, le plus ancien triple étoilé de France près de la capitale mondiale de la gastronomie, Lyon – c’est au tour de Joël Robuchon de nous quitter, à l’âge de 73 ans, succombant à un cancer du pancréas.
Joël Robuchon c’est le petit séminariste devenu cuisinier par l’entremise des Compagnons du Devoir qu’il rejoint adolescent. Dès 29 ans, en 1974, il est nommé chef cuisinier de l’hôtel Concorde Lafayette à Paris. Deux ans plus tard il remporte le concours du Meilleur ouvrier de France en art culinaire, puis décroche en 1978 les 2 étoiles Michelin à l’hôtel Nikko, Paris.
En 1981, il crée alors son propre restaurant dans le 16e arrondissement de Paris, le Jamin, qui se voit récompenser par une, deux, puis trois étoiles au Guide Michelin en 1984. Nommé « Chef de l’année » en 1987 puis « Cuisinier du siècle » en 1989 par Gault et Millau, tout lui réussit.
Voici ce que disait Paul Bocuse de Robuchon lorsqu’il décrocha les 3 étoiles Michelin :
« Joël Robuchon, pour moi, c’est la perfection ; ses trois étoiles lui ont été attribuées pour sa discipline, sa rigueur, son amour du travail bien fait. Son itinéraire n’est pas passé inaperçu. Déjà au Frantel de Rungis, on parlait de lui ; plus tard, au Concorde Lafayette, il m’avait littéralement époustouflé, lors d’un dîner des maîtres-cuisiniers de France. Je m’étais dit : “C’est un type hors du commun”. Ensuite, à l’hôtel Nikko, avec le restaurant Les Célébrités, il a fait de nouveau des prodiges et trouvé le moyen d’enlever deux étoiles, chose jamais vue dans un hôtel et surtout tenu par des Japonais. »
(...)
« La vraie cuisine d’aujourd’hui, c’est simplement la bonne cuisine. Un jeune cuisinier, sérieux, respectueux de la sainte trilogie “beurre, crème, vin”, de la fraîcheur des produits, qui connaît bien son métier, a toutes les chances de monter sur le podium des trois étoiles. Mais le plus dur, à ce niveau, c’est de conserver cette distinction suprême, de ne pas décevoir... Lourde responsabilité ! Je n’ai aucun souci pour Joël Robuchon et Marc Meneau et, surtout, je n’ai aucun conseil à leur donner : ils sont plus forts que moi ! »
Commenceront alors des années de développement tous azimuts qui l’amèneront à devenir le chef le plus étoilé du monde avec un total de 32 étoiles Michelin à travers ses nombreux établissements en France ou à l’étranger (7 étoiles rien qu’au Japon).
On le voit apparaître souvent à la télévision, mais c’est à 50 ans, alors qu’il décide de tout arrêter, qu’il va se consacrer à la transmission, la pédagogie et revenir à la télévision. D’abord sur TF1 avec Cuisinez comme un grand chef, mais surtout par l’entremise de sa célèbre émission Bon appétit, bien sûr ! (France 3 puis Gourmet TV).
En 2003, il revient finalement à la cuisine, rompant sa retraite anticipée, mais pas derrière les fourneaux : il fonde son concept de restaurants « Ateliers Joël Robuchon », entre bar à tapas et comptoir de sushis, mais luxe et haute gastronomie. Il décline le concept à l’infini dans de nombreux pays du monde, avec un succès variable suivant les établissements.
Parmi ses dernières apparitions médiatiques, on avait pu le voir dans l’émission Top Chef 2017, malheureusement déjà affaibli.
On retiendra de lui sa célèbre purée dont le poids en pommes de terre équivalait presque celui en beurre (sa recette ayant évoluée au fil des années pour s’alléger et suivre les tendances « santé » ou « minceur »). Qui n’a pas goûté cette célèbre purée n’a jamais goûté une bonne purée – bien qu’à E&R on la préfère écrasée à la fourchette plutôt que tamisée, mais l’important étant de ne jamais la corder !
Et on retiendra aussi bien sûr sa célèbre formule "Et bon appétit, bien sûr !" qui signait la fin de chacune de ses émissions.
Nous lui adressons pour notre part un désormais « Et bon voyage, bien sûr ! ».