Egalité et Réconciliation
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Mélenchon, Chassaigne : le PCF va devoir choisir entre la mort et… la mort !

Pour le Front de gauche, les choses avancent. L’heure est à l’« unité ». Ses différentes formations ont même annoncé, lors de la Fête de L’Huma, vouloir travailler ensemble sur un « programme partagé ». Mais le PCF, lui, reste malgré tout confronté à un choix cornélien…

À la tribune de l’Agora de L’Humanité, Pierre Laurent harangue la foule comme jamais. Le successeur de Marie-George Buffet, en ce samedi de Fête de L’Huma, frôlerait presque la crise d’asthme tellement il tape à bras raccourcis sur Sarkozy et consorts. Le « pouvoir est acculé », « la force est de notre côté », clame-t-il avant d’en appeler, la voix éraillée, à une « révolution sociale contre les marchés », à une « révolution démocratique contre la monarchie invraisemblable » qui a posé ses valises à l’Elysée. Le chapiteau est bondé et la foule qui s’y presse accueille la fin du discours du nouveau « patron » du PCF en entonnant, comme un seul camarade, un long « unité, unité, unité... »

« Unité » ? Les formations du Front de gauche ont décidé de remettre le couvert pour 2012. Les querelles sur le nom de celui qui conduira la gauche de la gauche au combat élyséen sont mises en sommeil. Le message est clair : l’heure est au projet, à la mise en place de ce qu’ils ont décidé de baptiser le « programme partagé », sorte de « programme commun » de l’autre gauche.

« Unité » donc. Mais comme un symbole que la lutte des ego finira par reprendre : à la tribune, derrière les chefs de file des trois principales formations du Front de gauche, Pierre Laurent (PCF), Jean-Luc Mélenchon (PG) et Christian Picquet (Gauche unitaire), s’est discrètement glissé un personnage toutes moustaches dehors : André Chassaigne !

Pourtant, à cette même heure, mais sous un autre chapiteau, le député PC du Puy-de-Dôme est censé intervenir sur un thème qui lui est cher : « Environnement et communisme : une même lutte ». Ce débat-là commencera finalement avec près d’une heure de retard, devant une cinquantaine de personnes tout au plus. Mais André Chassaigne ne pouvait décemment pas être absent à la tribune de l’Agora de L’Humanité. Ce parfait inconnu du grand public, vendredi, au premier jour de la Fête de L’Huma, a officialisé un bruit qui courait depuis de longues semaines place du Colonel-Fabien : sa volonté de participer à la présidentielle. Une candidature accueillie avec retenue par la direction du PCF. Du moins, en apparence. Car elle arrive à point nommé : une Fête de L’Huma sans candidat communiste, c’eut été laisser Jean-Luc Mélenchon triompher, seul en lice…

Le leader du Parti de gauche, quant à lui, semble d’ailleurs vouloir continuer sur la ligne qu’il s’est fixé en cette rentrée 2010 : faire profil bas vis-à-vis de ses partenaires. À la tribune, malgré les nombreux drapeaux du PG fendant l’air face à lui, il la joue même très collectif. Rendant ici un « hommage vibrant » à Marie-George Buffet. Saluant là les militants historiques du Parti communiste qui ont pris le risque de s’abandonner à l’aventure du Front de gauche. Rappelant aussi, qu’entre eux, l’heure n’est plus aux « chicayas pour une virgule mal placée » dans un texte, puisque la droite, l’ennemi à abattre, ne s’embarrasse pas de ce genre de détails.

À commencer par le « petit Sarkozy » qui « essaie de détourner le peuple français de sa grande histoire », ce « monarque qui rend fou tout le monde et qui s’est rendu fou lui-même ». À l’applaudimètre, « Méluche » le bateleur rafle la mise. Mais la prestation de l’ancien sénateur socialiste crée tout de même deux types réactions parmi la foule. « C’est de la politique, mais je comprends », s’étonne rigolarde une spectatrice ! « Chassaigne président ! Mélenchon, c’est de la politique spectacle », hurle de son côté un vieux militant communiste faisant se retourner sur lui une partie de la foule interloquée. En somme, deux types de réactions pour deux choix qui s’offrent désormais au PCF : la mort ou… la mort !

La mort électorale, si les communistes décident coûte que coûte de présenter un Chassaigne ou n’importe lequel d’entre eux en 2012. Ce fut le cas en 2007. Malgré la naissance de collectifs antilibéraux laissant croire, un instant, à l’émergence d’une candidature unique pour la gauche de la gauche de gouvernement, Marie-George Buffet se retrouva candidate aux côtés de José Bové.

La première réunissant 1,93 % des suffrages, le second 1,32% des voix… Ou la mort de ce qu’il reste aujourd’hui du Parti communiste, si ses militants décident finalement de déléguer la candidature à une personnalité extérieure en investissant un Jean-Luc Mélenchon plus à même de réaliser un score honorable en 2012. Mais dans ce cas-là, s’agit-il vraiment d’une mort ? Car comme l’explique à très juste titre Dominique Andolfatto, maître de conférences en science politique à l’université Nancy II : « La mort du PCF a déjà eu lieu et l’on ne meurt pas deux fois ! »