On ne compte plus les remontées de viols dans le cloaque du show-biz. Cette victimisation est devenue le nouvel atout pour être en haut de la vague, médiatiquement parlant.
Cela n’excuse en rien l’agression sexuelle ou le viol en question, mais cela pose question sur le moment, la réaction, l’intention. Est-ce encore une stratégie médiatique de placement personnel, ou un aveu sincère, psychologiquement difficile ?
Enfin, pourquoi raconter ce drame intime à la télé, plutôt que sur un divan, mais pas celui de Gérard Miller ? Le passage télé en la matière n’a jamais été réparateur, bien au contraire, on le sait depuis Mireille Dumas et Jean-Luc Delarue, les gros mangeurs de témoignages douloureux qui font de l’audience mais pas de la guérison.
Qui n’a pas (encore) été violé, dans le show-biz ?
Jordan de Luxe – un pseudo – est ce petit Français qui a toujours rêvé d’interviewer les stars. Pour être honnêtes, c’est ce qui se fait de plus bas, journalistiquement parlant, puisqu’on doit dérouler le tapis rouge à une célébrité en espérant qu’elle lâche un petit morceau de vérité, un moment d’émotion, un coup de balance, qui buzzeront à mort sur les réseaux sociaux. Ce branlage d’ego est le deal entre l’intervieweur renard et le corbeau people.
Ça marche parce que les stars ont besoin d’être en permanence dans les médias, si possible de manière contrôlée. En publicité on appelle ça une campagne d’image. Il faut être présent, tout le temps et partout, comme Coca-Cola, la marque numéro un en la matière. Quand on boit un coca, on boit de l’image. Sinon n’importe qui peut couper de la limonade avec du concentré, et c’est marre.
L’objectif de l’omniprésence de la pub de marque, c’est qu’au moment de l’achat, c’est cette image martelée qui s’imposera face à toutes les autres dans l’esprit du consommateur, c’est tout. Coca-Cola et pas autre chose, comme boisson.
Usurpation de Dieu par des demi-dieux bidon
Les stars sont des produits de consommation courante qui se vendent en permanence, et le public pauvre – surtout les pauvres – a besoin de ces demi-dieux qui ont réussi, et qui donnent l’espoir d’une vie meilleure, parce qu’elle « existe » à travers les médias. Avant, on croyait en Dieu, au paradis après la mort, mais il y en a qui nous vendent le paradis sur Terre, qui semble plus accessible, même si c’est faux.
On ne reviendra pas sur la vie déchiquetée des grandes stars, entre came, alcool, suicide et dépression. Regardez ce pauvre Palmade, avec sa trajectoire déglingos de chem-sexeur qui se termine en homicide (involontaire)...
"J'avais peur qu'on me prenne pour un menteur"
L'animateur Jordan de Luxe raconte avoir été violé par un ancien acteur d'une célèbre série de M6 pic.twitter.com/cyvQPHLFEX
— BFMTV (@BFMTV) April 23, 2024
Naturellement, tout le monde se demande qui a fait le coup, et l’auteur de ce « viol », s’il est avéré, doit trembler dans son costume de comédien bien-pensant de M6.
Peut-être que révéler cette agression, on le répète, si elle est avérée, sans citer son auteur, est une forme de vengeance plus efficace que de balancer directement le nom à la vindicte populaire. Mais cela risque de passer pour un teaser, donc une stratégie d’attente en tension. C’est la bande-annonce d’un feuilleton ! Une story à la découpe !
La télévision est le piège des vanités, et ce n’est peut-être pas le meilleur endroit, pour la victime, pour déballer son viol ou son agression. Il y a quelque chose de publicitaire, au vrai sens du terme, qui ne cadre pas avec la délicatesse et la pudeur qui conviennent à un tel sujet.