Julien Arnaud : « Bonsoir à tous les deux, merci d’être là, d’avoir accepté le principe de ce débat, entre deux journalistes, essayistes, on va le rappeler, vous n’êtes pas des politiques, vous êtes des observateurs, des analystes, des commentateurs également avec deux visions du monde qui sont très opposées... »
On va rappeler aussi que Szafran c’est le sionisme de gauche et Zemmour le sionisme de droite, comme ça les choses seront plus claires. L’arbitre de la soirée Julien Arnaud croit encore aux cloisons entre le journalisme et le politique, alors que le milieu médiatico-politique est un et indivisible. Il n’y a pas une feuille de papier à cigarette entre Szafran et Macron ou Glucksmann, entre Zemmour et Marion Maréchal, par exemple, avec quelques nuances bien entendu.
Szafran reconnaît l’importance de Zemmour dans le jeu politique, mais trompe tout le monde en faisant de l’essayiste à succès l’idéologue de Laurent Wauquiez et l’artisan du désastre de la droite classique : Zemmour n’est pas pour une droite libérale post-UMP ou LR, il travaille pour une droite dure, sarkozyste, libérale bien sûr, mais nationale et sioniste.
Sioniste de gauche contre sioniste de droite
Naturellement, d’entrée de jeu, Zemmour lui rentre dans le chou. On comprend alors que le débat est truqué, et que Szafran servira de sparring-partner (« Juste une petite remarque, je me permets d’interrompre Éric Zemmour », ose-t-il à 14’16) à la nouvelle ligne du pouvoir profond, qui doit remplacer le socialo-sionisme aux commandes.
03’40 : « La ligne Zemmour, si y a une ligne Zemmour, qu’est-ce que c’est ? La première chose c’est pas de cordon sanitaire et alliance avec le Front national. Est-ce que Wauquiez fait ça ? Non. Donc on peut pas dire déjà que c’est ma ligne. Deuxièmement, ma ligne comme vous dites, c’est un grand rassemblement national, de droite, et même au-delà de la droite, si vous voulez l’équivalent et l’antithèse de ce qu’a fait Macron avec l’alliance des bourgeoisies, bourgeoisie de droite et bourgeoisie de gauche, je dis depuis 2017 que Macron c’est Louis-Philippe... »
Il accuse ensuite Sarkozy de n’avoir que le discours pro-FN et de ne jamais aller plus loin, c’est-à-dire rompre ouvertement le cordon sanitaire établi par le CRIF (ça c’est de nous).
05’15 : « Sarkozy les a cocufiés une fois, personne ne les cocufiera deux fois. »
Pour Zemmour, « comme le PS est mort, le LR est mort ». On a tous compris qu’entre Macron et le RN, il n’y a plus rien. Le combat final entre libéraux et populistes est engagé.
07’31 : « Emmanuel Macron c’est le parti de l’ordre depuis les Gilets jaunes. »
En passant, il en envoie une au sparring-partner :
10’43 : « C’est les Maurice Szafran qui ont tué la droite. »
C’est alors que surgit Marion Maréchal dans le débat, avec sa grande coalition des droites qui inclut le RN, ce qui provoque une intervention très cordon sanitaire de l’arbitre Julien Arnaud :
13’51 : « Est-ce que ça veut dire, Éric Zemmour, qu’on est donc, aujourd’hui, à ce moment historique où la digue est en train de céder ? »
Le débat Zemmour/Zemmour avec Szafran en sparring et arbitre (goy) terrorisé
C’est à 15’43 que les deux partenaires – ou les trois puisque l’arbitre est avec eux, donc ne compte pas – abordent le thème de prédilection de Zemmour : l’islam. On résume, pour le national-sioniste, islam égale islamisme. Szafran fait alors semblant de défendre la cause musulmane, mais personne n’y croit. Zemmour peut dérouler son programme électoral. On entre dans le dur.
Le fond du programme « Zemmour 2022 » surgit après 20 minutes d’échauffements. Pour cela, le journaliste du Figaro fait parler de Gaulle à sa place :
19’34 : « Parce que l’Algérie française c’était un concept de gauche, Maurice Szafran, et le fait de se débarrasser de l’Algérie, le général de Gaulle le fait uniquement pour une raison fondamentale, pour que son village ne s’appelle pas Colombey-les-Deux-Mosquées, parce qu’il pense que les Arabes ne peuvent pas être français, il le dit noir sur blanc dans “C’était de Gaulle”, il dit “regardez l’huile et le vinaigre, les Français c’est l’huile les Arabes c’est le vinaigre et ils se séparent” ! »
Zemmour évoque alors le positionnement et le calcul de Marion Maréchal.
24’21 : « Marion Maréchal fait le diagnostic, elle dit “pour sortir de cette impasse il faut l’alliance des deux”, hein, l’union des droites, moi je pense même que c’est déjà dépassé, qu’il faut aller encore plus loin et qu’il faut répondre à l’alliance des bourgeoisies d’Emmanuel Macron – bourgeoisie de droite, bourgeoisie de gauche – [par] une alliance, une union nationale avec le Rassemblement national, la droite patriote et une partie de la gauche souverainiste. »
Un appel du pied aux partants de La France insoumise ? Et Zemmour de citer encore une fois le général : « Nous avons empêché que les communistes arrivent au pouvoir, nous avons combattu les Américains mais n’avons jamais réussi à ce que la bourgeoisie soit nationale ».
Un instant de détente à 28’46 quand Szafran, qui n’a pas d’argument, sort « on peut être cosmopolite et patriote, c’est pas contradictoire », ce qui lui vaut une nouvelle avoine de Zemmour, roi du plateau.
À la 40e, Zemmour attaque sa deuxième obsession, l’Allemagne, au bénéfice de laquelle, selon lui, nos élites ont trahi. Car l’Allemagne sacrifie tout à ses exportations, du coup elle est contre tout protectionnisme (de capitaux, de produits et de migrants), et donc contre une Europe protégée de la mondialisation et de ses dramatiques conséquences économiques et sociales.
41’39 : « Vous savez, moi, à part Bonaparte je n’ai aucun modèle. Mais malheureusement il est mort. À part ça je pense qu’Orban et Salvini ont tout compris à l’époque, c’est-à-dire que Salvini il a compris que le problème majeur des peuples européens, de tous les peuples européens c’était l’immigration et l’islam, et Orban... Il faut lire les discours de Viktor Orban sur ce qui va arriver à l’Europe occidentale, son islamisation, la guerre civile etc., c’est ce que j’écris depuis des années... »
Il explique ensuite le concept de démocratie « illibérale » cher à Orban : c’est le peuple qui a le pouvoir et non pas les juges et les minorités.
Szafran tente de se défendre à 44’20 : « Je sais bien que dans votre bouche “humanisme” est une insulte ». Ce qui lui vaut une patate de Zemmour qui cite Proudhon : « Qui dit “humanité” veut tromper ». Le sparring, à bout d’arguments, dépassé dans tous les secteurs, sort alors la carte Antisémite, qui est au-dessus de l’as. Mais il bafouille et se plante.
« 44’44 : La campagne antisémite que mène Soros, que mène le Premier ministre hongrois contre Soros, non c’est pas antisémite du tout, c’est une campagne contre l’argent tout-puissant, bien entendu, c’est une campagne américaine contre le nationalisme hongrois ! Mais c’est une plaisanterie, vous savez comme moi, qu’est-ce qui vous empêche de reconnaître que les campagnes que mène le Premier ministre hongrois contre Soros sont antisémites et clairement antisémites ? »
La réponde est simple : Orban a fait allégeance à Netanyahou.
La réponse de Zemmour à 45’35 : « Mais moi je combats Soros, je suis antisémite ? » La clé de ce faux conflit entre Szafran et Zemmour est à chercher dans le pseudo-conflit entre sionisme de gauche (Attali ou BHL) et sionisme de droite (Sarkozy ou Netanyahou) qui occupe tout le champ politico-médiatique, on le voit avec le plateau de LCI et le rôle du pâle Julien Arnaud. Les deux tendances impérialistes ont écrasé toute adversité.
Justement, Zemmour apprend à Szafran que « Netanyahou lui aussi est en conflit avec Soros ». C’est la ligne dure du sionisme contre l’islam, que ce soit en Israël ou en Europe.
À 46’20 Zemmour résume : « Soros il se souvient qu’il est juif quand Orban l’attaque, donc ça c’est très commode. Et deuxièmement Soros est pour moi un ennemi de l’Europe et un ennemi mortel de la France ».
Szafran : « Ça justifie l’antisémitisme ? »
Zemmour : « Ça justifie tout contre Soros. »
Szafran : « Tout ? Y compris l’antisémitisme ? »
Zemmour : « Mais y a aucun antisémitisme ! C’est du baratin. On a le droit de combattre Soros... Je dis qu’il faut combattre Soros avec tous les moyens. »
Szafran : « Tous les moyens ? Y compris l’antisémitisme ? Y compris l’antisémitisme ? »
Zemmour : « Soros lui détruit les pays d’Europe. »
Szafran : « Y compris l’antisémitisme ? Y compris l’antisémitisme ? »
Zemmour : « Soros lui détruit les pays d’Europe. Il y a aucun antisémitisme, attaquer Soros ce n’est pas de l’antisémitisme, c’est attaquer quelqu’un qui veut détruire les nations européennes et il a raison de l’attaquer. »
On voit que la dernière bouée des socialo-sionistes c’est d’attaquer Zemmour sur l’antisémitisme, mais que ce sera fondamentalement difficile. Pourtant, lors de cet échange, on a bien compris que le combat actuel était celui entre les deux versions du sionisme, l’un immigrationniste, celui de Szafran, Soros, Attali et Branco (bienvenue dans la cour des grands) et l’autre antimusulman, le sionisme belliciste des Netanyahou, Habib et autres Zemmour.
Le pauvre Julien Arnaud est broyé entre ces deux tendances, et au lieu de calmer le jeu, il balance à 47’09 le sujet de l’immigration, « particulièrement sensible » :
« Marion Maréchal hier sur LCI a fait pratiquement sienne la théorie du grand remplacement, écoutez... »
On note avec amusement que sans la présence de Zemmour en plateau, l’intervention de Marion Maréchal n’aurait pas été aussi valorisée. La suite est connue, l’immigration, l’islam, les Arabes, la guerre civile, bref, le programme de Zemmour pour 2022 avec l’opération Ronces, le nettoyage des banlieues. La revanche de la guerre d’Algérie !
On voit que la télé française a passé un cap quand Julien Arnaud demande gentiment à 47’52 : « Est-ce que le grand remplacement Éric Zemmour est en marche ? »
Le national-sioniste boit du petit lait (du second frigo) : « Vous allez venir avec moi dans le métro, vous allez venir avec moi en banlieue, vous allez venir avec moi dans le Nord, vous allez venir avec moi dans les villes du Sud, vous allez venir avec moi à Rennes, à Nantes, et vous allez comprendre si le grand remplacement n’est pas en marche. C’est tellement évident pour toute la France que ça ne fait rire que sur les plateaux télévisés qu’on se pose la question... »
Le grand remplacement, organisé par le sionisme de gauche, est aujourd’hui combattu par le sionisme de droite. Voilà pourquoi les électeurs français sont perdus, ne comprennent plus rien, votent pour Macron et sont à moitié schizophrènes.
L’émission entière du 3 juin 2019 dure presque 90 minutes. Sans le sparring-partner Szafran, totalement inutile, on aurait pu gagner facilement une heure, une heure et quart, tant le discours programmatique du candidat Zemmour tient en quelques lignes, que nous avons reprises ci-dessus.