L’article du très (?) catholique journal La Croix, qui appelle par ailleurs à voter pour le candidat Macron, nous fait croire qu’il va étudier de près le sujet – très sensible pour ses lecteurs – de la famille, du mariage homosexuel et de la PMA/GPA dans le cadre des programmes respectifs des deux candidats.
Las, par une entourloupe toute journalistique, il va procéder finement à un retournement du lecteur en finissant par admettre que le vrai est le faux et le faux est le vrai.
Qu’on en juge : Marine Le Pen a un programme clair en la matière, avec le retrait de la loi Taubira, la mise en place d’un PACS amélioré et l’interdiction de la PMA (hors couples hétérosexuels) et de la GPA. Emmanuel Macron a un programme somme toute assez clair aussi : très favorable au mouvement LGBT, maintien de la loi Taubira, ouverture de la PMA à tous, et réflexion pour une GPA non lucrative.
Le tour de force du journal La Croix est d’arriver à dire tout cela tout en l’anesthésiant aussitôt et, partant, de justifier sans culpabiliser son appel à voter E. Macron auprès d’un électorat pourtant particulièrement rétif au programme de celui-ci.
La technique employée est simple, de même qu’au tribunal l’accusé a toujours la parole en dernier, ici chaque information vraie est annulée par la proposition qui la suit, et qui sera la seule que retiendra le lecteur.
Voici le raisonnement doublement syllogistique de l’article, dépouillé de tout son décor :
ACTE 1 : Marine Le Pen (thèse)
Prémisse majeure :
Description du programme « volontariste » (sic) de Marine Le Pen.Prémisse mineure :
Elle pense par ailleurs que le référendum peut trancher « de manière générale, (...) les sujets de société » (Mme Le Pen ne parle pourtant pas ici une seule seconde de la loi Taubira dont elle dit dans la phrase précédente qu’elle « ne peut être conservée en l’état. Je souhaite la transformer en union civile » !).Conclusion :
« Or les études d’opinion montrent que l’opinion publique accepte majoritairement le mariage pour tous. Marine Le Pen n’est sans doute pas si volontariste que cela (re-sic). »
ACTE 2 : Emmanuel Macron (antithèse)
Prémisse majeure :
« Emmanuel Macron, qui se veut ouvert à des évolutions de société, a pour sa part donné des gages au mouvement LGBT (lesbien, gay, bi et trans). Il ne reviendra pas sur la loi Taubira et propose d’ouvrir l’accès à la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires. »Prémisse mineure :
« Mais (...) il a mis en avant durant la campagne son approche consensuelle. (...) il assurait qu’« il faut savoir (...) entendre [les voix contre le mariage pour tous] ». Sur la PMA, il promet de n’agir que « de manière apaisée ». (...) favorable, à demi-mot, à une GPA altruiste – non lucrative – il s’est engagé à ne pas le faire pendant son quinquennat. (...) »Conclusion :
« Tout juste veut-il régler par circulaire le statut juridique des enfants nés ainsi et les sortir de « situations absurdes de non-droit ». » Ouf !
ACTE 3 : synthèse
Où le journal La Croix rappelle que les deux finalistes sont donc bien "prudents" sur la question, « prudence des finalistes [qui] se retrouve aussi sur un autre sujet éthique, la fin de vie. »
On bascule alors sur un sujet tout autre permettant de finir d’embrouiller la vision déjà plus très claire du lecteur en le rassurant sur le fait qu’ils sont d’accord sur le droit au suicide.
La Croix compare le programme des finalistes de l’élection présidentielle. Emmanuel Macron donne des gages au mouvement LGBT. Marine Le Pen, malgré une approche conservatrice, avance avec prudence.
[...]
Le programme de Marine Le Pen se présente comme volontariste pour encadrer les évolutions de société. Elle veut revenir sur la loi Taubira en remplaçant le mariage par une union civile pour les couples de même sexe, une sorte de « pacs amélioré ». Elle souhaite également maintenir l’interdiction de la gestation pour autrui (GPA) et préserver la procréation médicalement assistée (PMA) comme une solution médicale à des situations de stérilité, donc la réserver aux couples hétérosexuels.
[...]
Dans un entretien à La Croix, le 14 avril, elle avançait l’idée que « si les Français veulent se saisir » d’un tel sujet, un référendum d’initiative populaire paraîtrait « parfaitement adapté pour trancher ce genre de débats ». Or les études d’opinion montrent que l’opinion publique accepte majoritairement le mariage pour tous. Marine Le Pen n’est sans doute pas si volontariste que cela.
Emmanuel Macron, qui se veut ouvert à des évolutions de société, a pour sa part donné des gages au mouvement LGBT (lesbien, gay, bi et trans). Il ne reviendra pas sur la loi Taubira et propose d’ouvrir l’accès à la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires.
[...]
Sur la PMA, il promet de n’agir que « de manière apaisée ». Enfin s’il a plusieurs fois paru favorable, à demi-mot, à une GPA altruiste – non lucrative – il s’est engagé à ne pas le faire pendant son quinquennat. Rouvrir ces débats ne sera « pas sa priorité », assurait-il. Tout juste veut-il régler par circulaire le statut juridique des enfants nés ainsi et les sortir de « situations absurdes de non-droit ».