Depuis que les grands magasins de distribution se sont aperçus que la nourriture bio intéressait les jeunes, ils ont décidé de s’en accaparer le monopole, pour leur plus grand profit futur.
Développement des cancers en forte hausse, scandales alimentaires, légumes qui n’ont plus aucune saveur, viandes aux hormones, voilà sans doute ce qu’a apporté la doctrine capitaliste dans nos assiettes. L’inquiétude générée pour notre santé a créé un nouveau marché, le marché « bio ». En tous les cas c’est comme cela que le voient les mastodontes de l’alimentaire. Petit rappel sur la façon dont nous en sommes arrivés là afin de nous permettre de ne pas reproduire les mêmes erreurs et de trouver des solutions.
À l’après-guerre, le ménage moyen dépensait 46 % de ses revenus pour l’alimentation, les ménages se fournissaient essentiellement chez l’agriculteur du coin en produits naturels. L’explosion de la grande distribution a ensuite raflé la mise tout en exigeant des agriculteurs de leur revendre moins cher que le prix de revient. En a résulté une chute vertigineuse de la qualité avec l’utilisation de pesticides de synthèse et d’engrais chimiques. Vivrons nous aussi longtemps que nos grands-parents nourris au potager du jardin ? Pour revenir à la bonne nourriture saine et naturelle, aujourd’hui tout le monde ne parle plus que de bio, mais…
Attention, ce label de qualité est différent d’un pays à l’autre : des tomates bio d’Espagne ou d’Italie sont soumises à moins d’exigences que les françaises et engendrent de la pollution en transport soumis à l’écotaxe. Autre problème, le label bio européen est sans cesse assoupli, au point d’autoriser aujourd’hui jusqu’à 0,9 % d’OGM. Il y a également le cas TAFTA, ouverture au marché transatlantique, qui ne présage rien de bon quant à la sécurité alimentaire.
L’Union européenne a créé ces phénomènes : elle subventionne la production de fruits et légumes en Italie et en Espagne mais pas en France, où seule la production de céréale l’est : création d’une dépendance des nations les unes aux autres, renforcement du commerce international. Attaque sur les producteurs locaux via la grande distribution, qui vend du bio à prix coutant en espérant tuer dans l’œuf l’embryon d’espoir que représente le regain d’intérêt des consommateurs pour l’agriculture locale et les produits saints.
En France, seulement 3 % des terres sont biologiques. Les éleveurs sont également en grande difficulté suite à la spéculation sur les céréales qui nourrissent leurs bêtes. Cette hausse du cours a été orientée par la finance et est en train de détruire l’élevage, enchaînant la France à des dépendances extérieures.
Pour toutes ces raisons, il est fondamental de consommer local.
Dans cette affaire, nous avons aussi notre part de responsabilité, en voulant consommer de tout à n’importe quel moment – en ignorant les cycles naturels des saisons –, nous nous sommes mis dans une situation délicate avec notre assiette. Il est fondamental de changer notre état d’esprit face à la nourriture ; nous devons être prêts à nous soumettre à la nature au lieu de tenter de la contrôler. Qui connait la terre mieux que l’homme qui la travaille ? Qui peut lui acheter à un prix décent et lui permettre de sortir de la pression de la grande distribution et du cercle vicieux de l’agriculture chimique ? Lier les consommateurs directement aux producteurs est une solution : en court-circuitant les grandes surfaces, on permet de tisser une relation de confiance, une bouffée d’oxygène entre agriculteur et citoyen. Réconcilions-nous avec nos fermiers !
En plus de préserver sa santé, se fournir directement au paysan est un geste patriote, économiquement et politiquement intelligent face à la guerre que l’oligarchie mène contre notre indépendance. C’est aussi être un consom’acteur lucide, respectueux de la nature et protecteur de nos labels de qualité face aux lobbies apatrides, comme Monsanto, qui rêvent d’imposer TAFTA et les OGM dans nos assiettes.
Voir aussi, sur E&R :
« Destruction des sols : que faire ? »
« Viticulteur poursuivi pour refus d’utiliser des pesticides : un enjeu pour toute l’agriculture »
« Le miel de nos supermarchés »
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