Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Marché bio : la guerre faite aux paysans français

Par Vincent Normand

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

Depuis que les grands magasins de distribution se sont aperçus que la nourriture bio intéressait les jeunes, ils ont décidé de s’en accaparer le monopole, pour leur plus grand profit futur.

Développement des cancers en forte hausse, scandales alimentaires, légumes qui n’ont plus aucune saveur, viandes aux hormones, voilà sans doute ce qu’a apporté la doctrine capitaliste dans nos assiettes. L’inquiétude générée pour notre santé a créé un nouveau marché, le marché « bio ». En tous les cas c’est comme cela que le voient les mastodontes de l’alimentaire. Petit rappel sur la façon dont nous en sommes arrivés là afin de nous permettre de ne pas reproduire les mêmes erreurs et de trouver des solutions.

À l’après-guerre, le ménage moyen dépensait 46 % de ses revenus pour l’alimentation, les ménages se fournissaient essentiellement chez l’agriculteur du coin en produits naturels. L’explosion de la grande distribution a ensuite raflé la mise tout en exigeant des agriculteurs de leur revendre moins cher que le prix de revient. En a résulté une chute vertigineuse de la qualité avec l’utilisation de pesticides de synthèse et d’engrais chimiques. Vivrons nous aussi longtemps que nos grands-parents nourris au potager du jardin ? Pour revenir à la bonne nourriture saine et naturelle, aujourd’hui tout le monde ne parle plus que de bio, mais…

Attention, ce label de qualité est différent d’un pays à l’autre : des tomates bio d’Espagne ou d’Italie sont soumises à moins d’exigences que les françaises et engendrent de la pollution en transport soumis à l’écotaxe. Autre problème, le label bio européen est sans cesse assoupli, au point d’autoriser aujourd’hui jusqu’à 0,9 % d’OGM. Il y a également le cas TAFTA, ouverture au marché transatlantique, qui ne présage rien de bon quant à la sécurité alimentaire.

L’Union européenne a créé ces phénomènes : elle subventionne la production de fruits et légumes en Italie et en Espagne mais pas en France, où seule la production de céréale l’est : création d’une dépendance des nations les unes aux autres, renforcement du commerce international. Attaque sur les producteurs locaux via la grande distribution, qui vend du bio à prix coutant en espérant tuer dans l’œuf l’embryon d’espoir que représente le regain d’intérêt des consommateurs pour l’agriculture locale et les produits saints.

En France, seulement 3 % des terres sont biologiques. Les éleveurs sont également en grande difficulté suite à la spéculation sur les céréales qui nourrissent leurs bêtes. Cette hausse du cours a été orientée par la finance et est en train de détruire l’élevage, enchaînant la France à des dépendances extérieures.

Pour toutes ces raisons, il est fondamental de consommer local.

Dans cette affaire, nous avons aussi notre part de responsabilité, en voulant consommer de tout à n’importe quel moment – en ignorant les cycles naturels des saisons –, nous nous sommes mis dans une situation délicate avec notre assiette. Il est fondamental de changer notre état d’esprit face à la nourriture ; nous devons être prêts à nous soumettre à la nature au lieu de tenter de la contrôler. Qui connait la terre mieux que l’homme qui la travaille ? Qui peut lui acheter à un prix décent et lui permettre de sortir de la pression de la grande distribution et du cercle vicieux de l’agriculture chimique ? Lier les consommateurs directement aux producteurs est une solution : en court-circuitant les grandes surfaces, on permet de tisser une relation de confiance, une bouffée d’oxygène entre agriculteur et citoyen. Réconcilions-nous avec nos fermiers !

En plus de préserver sa santé, se fournir directement au paysan est un geste patriote, économiquement et politiquement intelligent face à la guerre que l’oligarchie mène contre notre indépendance. C’est aussi être un consom’acteur lucide, respectueux de la nature et protecteur de nos labels de qualité face aux lobbies apatrides, comme Monsanto, qui rêvent d’imposer TAFTA et les OGM dans nos assiettes.

 

Voir aussi, sur E&R :
- « Destruction des sols : que faire ? »
- « Viticulteur poursuivi pour refus d’utiliser des pesticides : un enjeu pour toute l’agriculture »
- « Le miel de nos supermarchés »

Découvrir une agriculture saine et enracinée avec nos partenaires :

 

 

 






Alerter

28 Commentaires

AVERTISSEMENT !

Eu égard au climat délétère actuel, nous ne validerons plus aucun commentaire ne respectant pas de manière stricte la charte E&R :

- Aucun message à caractère raciste ou contrevenant à la loi
- Aucun appel à la violence ou à la haine, ni d'insultes
- Commentaire rédigé en bon français et sans fautes d'orthographe

Quoi qu'il advienne, les modérateurs n'auront en aucune manière à justifier leurs décisions.

Tous les commentaires appartiennent à leurs auteurs respectifs et ne sauraient engager la responsabilité de l'association Egalité & Réconciliation ou ses représentants.

Suivre les commentaires sur cet article

Afficher les commentaires précédents
  • #733714
    Le 20 février 2014 à 13:54 par simone
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    faudrait vivre en autarcie et ne plus dépendre de toute cette surproduction qui n’a qu’un seul but enrichir encore et encore les mêmes....

     

    Répondre à ce message

  • #733756
    Le 20 février 2014 à 14:29 par tartiflette
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    comment consommer local lorsqu’on habite une grande ville ? les fermes ça court pas les rues alors comment faire ? et comment être sûr que les légumes de chez le fermier du coin ne sont pas bourrés aux pesticides et autres produit bien crades ?

     

    Répondre à ce message

    • #734272
      Le Février 2014 à 21:28 par Marius
      Marché bio : la guerre faite aux paysans français

      Réponse succincte : on déménage ou on se trouve un potager.
      Quelle idée d’habiter une grande ville...

      C’est évidemment LA bonne question à se poser. Question subsidiaire : comment cela se fait-il qu’il y ait eu une désertification rurale et que les villes se soient développées au niveau actuel ?

       
  • #733772
    Le 20 février 2014 à 14:42 par Soralien
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    je ne veux pas etre un cheveu dans la soupe ,mais la grande majorité des Français sont des smicards ,dans mon quartiers j’observe les prix des fruits et légumes des marchands bio ,une famille lambda ne peut pas se permettre d’acheter un kilo de pomme entre 3 et 3.5 euros le kilo. Les prix sont trop élevés.

     

    Répondre à ce message

    • #736834
      Le Février 2014 à 00:30 par Pseud
      Marché bio : la guerre faite aux paysans français

      Bien manger est un choix. Un smicard peut très bien manger bio. Il faut simplement arrêter de penser que la nourriture n’est pas la priorité. Quand je vois certains smicards ou chomeurs dire "c’est pas grave, je mangerai des patates le mois prochain" en achetant des conneries...(fringue, jeux vidéo...) c’est bien qu’il y a un problème dans la mentalité avant d’avoir un problème au porte-monnaie.

       
  • #733992
    Le 20 février 2014 à 17:51 par Paul82
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    Cet article soulève bien le dilemme pour celles et ceux qui veulent acheter différemment : c’est bien les magasins Biocoop, mais c’est terriblement cher pour l’immense majorité d’entre nous. Impensable de s’approvisionner uniquement chez eux. Seuls les produits frais (oeufs, légumes et fruits) permettent à ces magasins de se différentier des hypermarchés.

    Quant à ces hypermarchés justement, ils commencent à s’y mettre. A Auchan (Saint Saturnin, Sarthe) on a changé le directeur depuis 2-3 ans, et les rayons bio sont de plus en plus fournis.... Ils sont bon marché (donc accessible pour nous). Mais acheter chez eux, c’est encourager l’oligarchie (et donc indirectement l’Oligarchie)....

    D’accord avec ceux qui disent qu’il faut faire attention avec les label "bio". On a de plus en plus de l’à peu près dans le meilleur des cas. On mélange allègrement "bio" "naturel" "végétal" etc.
    Et d’accord aussi pour dire que "bio" ne vaut pas obligatoirement dire bon (pour un aliment), efficace (pour un produit d’entretien par exemple).

     

    Répondre à ce message

  • #733996
    Le 20 février 2014 à 17:53 par dd
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    ouais ben désolé mais des produits sains, ya pas de T

    (une alimentation SAINE)

    Des produits sainTS, avec un T, c’est comme SainT-Pierre ou SainTE- Marthe

     

    Répondre à ce message

  • #734354
    Le 20 février 2014 à 22:24 par Lukas
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    La distribution locale reste encore une grande affaire à développer. La production locale sans systèmes efficaces et intelligents de distribution locale va à mon avis toujours rester marginalisé. Les abonnements paniers pour les légumes sont un bon début, mais qu’un début. Par exemple tout ceux qui habitent la campagne et qui travaillent en ville, peuvent devenir des petits distributeurs pour les agriculteurs. Leur bagnole est normalement vide, idéal pour charger des légumes, des fruits, du pain, des pâtes, des fleurs..
    Soit le navetteur le fera par idéalisme ou plaisir (classe moyenne, bobo) ou pour des raisons économiques (ouvriers et petits boulots)

     

    Répondre à ce message

  • #734589
    Le 21 février 2014 à 03:15 par seber
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    Consommer BIO est essentiellement un luxe à notre époque.
    Un petit message/ coup de gueule aux musulmans ET aux cathos obsédés par le fait de se nourrir selon leur préceptes tout en continuant à s’intoxiquer : continuer à voter UMPS plutôt que FN.
    Nourriture de l’esprit et du corps, entre théorie du genre et les OGM, surtout, ne changer rien.
    La politique, c’est comme le BIO, un écosystème. Soyez cohérent. Votez et mangez utile (le vote blanc consistant à protester en mangeant de la terre ou du papier) et arrêtez de ne penser qu’à vous.

     

    Répondre à ce message

  • #734757
    Le 21 février 2014 à 11:35 par kassius
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    J’ai l’impression que l’appelation bio n’est qu’une arnaque pour nous faire payé plus chère un produit normal et rendre luxueux le fait de manger sain.En gros on nous dit de manger plus chère pour ne pas chopé de cancer,et on laisse la porte ouverte à tous les produits chimiques pour les produits non bios comme ça on culpabilise le client qui sera amené à tout payer plus chère sans rechigner sous prétexte de qualité et ainsi la grande distribution peut augmenter ses prix et faire du profit sur le dos des producteurs et des consommateurs.Je remarque aussi qu’on nous vend beaucoup de produits ou le rapport qualité prix n’y est pas du tout à des prix exhorbitants surement dus a la spéculation nauséabonde sur la nourriture.Ce serait bien que les producteurs organisent leurs propres réseaux de distribution en ville afin de contrer ces moules à gaufres qui profitent de tout le monde et prennent les consommateurs pour des imbéciles qui achètent sans regarder.L’alternative serait aussi de nous associer pour faire nos propre cultures pour contrer les lobbys et etre autonomes dans une conscience collective et saine.Enfin, on a toujours le droit de rever c’est déja ça !

     

    Répondre à ce message

    • #734869
      Le Février 2014 à 13:48 par saratogagy
      Marché bio : la guerre faite aux paysans français

      Il existe un proverbe arabe qui dit :
      Celui qui veut échouer trouve des excuses.
      Celui qui veut réussir trouve des moyens.

      Le label est un moyen, fragile certes, insuffisant aussi. Mais c’est un moyen. Le label ne constitue pas un blanc-seing mais si tout le monde essaye un petit peu, à la mesure de ses moyens, on avancera.
      Donc oui, il y a des pervers qui use de la bio, pour faire du fric. Mais on le savait non ? Le capitalisme tente d’avaler tout, même l’idée de révolte. C’est ainsi.
      Alors il faut être intelligent, ne pas tomber dans les pièges. Accepter de payer un poil plus cher, l’alimentation est notre première médecine. Savoir séparer le bon grain de l’ivraie.

      Concrètement j’étais encore travailleur pauvre il y a 6 mois. Je suis maintenant au chômage. Heureusement que ma compagne travaille en biocoop. Mais elle gagne à peine plus que le smic. Nous vivons en HLM dans une ville moyenne de province, donc pas les plus à plaindre.
      On achète pas tous à la biocoop, malgré sa réduc. On cuisine beaucoup (les aliments brut c’est moins cher), on achète sur les marchés de petits producteurs locaux (pas tous labellisés mais comme on les connait on sait qu’ils ne mettent pas de saloperies) et on est adhérent d’une AMAP. On fait grève de la pub (sur tous support) pour éviter les désirs d’achats et la pollution de l’esprit. Et puis on limite la viande, après quand tu en manges, c’est la fête. On essaie d’avoir une vie simple.

      Je sais que pour ceux qui vivent dans une grande ville la situation est assez terrible. Les gars et les filles, déménagez à la cambrousse pendant que les aides sociales existent encore.
      Au fait sinon il existe les incroyables comestibles et le SEL pour ceux qui ont pas un rond mais qui savent se servir de leurs dix doigts.

      Allez tous en paix.
      Et souvenez-vous, au royaume de Dieu, les derniers seront les premiers.

       
  • #735692
    Le 22 février 2014 à 00:24 par Salim
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    Monsanto va tous les niquer malheureusement !!

     

    Répondre à ce message

  • #739372
    Le 25 février 2014 à 18:52 par Askatasuna
    Marché bio : la guerre faite aux paysans français

    Le problème c est que même si l on veut produire, qui nous garantit que les graines ne sont pas "trafiquées". Quand on se rend compte qu il faut en racheter tous les ans, alors que nos anciens pouvaient replanter.........
    Donc peu importe où nous regardons, production personnelle ou acheter bio, nous n avons plus aucune garantie.........

     

    Répondre à ce message

    • #749901
      Le Mars 2014 à 21:43 par T137
      Marché bio : la guerre faite aux paysans français

      Bonsoir, ll y a des producteurs de graines bio et d’anciennes variétés non-hybrides donc reproductibles.Certains sont dans la lutte contre les multi-nationales et contre les lois liberticides mises en place par elles.Suffit de se renseigner, le bio interdit l’utilisation d’OGM en plus.
      Cordialement.

       
Afficher les commentaires précédents