L’accrochage s’est déroulé dans les couloirs de l’assemblée nationale, le 4 février dernier.
Manuel Valls avait donné une interview au Journal du dimanche le 2 février, dans laquelle il appelait à un « sursaut de la gauche », s’alarmant d’un climat politique comparable à « celui des années 1930 », appelant la « droite républicaine […] à se démarquer clairement des mouvements qui n’acceptent pas la démocratie et les choix du Parlement ».
Même Pierre Lellouche, député UMP, ancien tiers-mondiste de gauche qui avait rejoint Chirac pour « son antifascisme » trouve que le ministre de l’Intérieur va trop loin et l’apostrophe :
Lellouche : « Tu y es allé un peu fort dans ton interview, on n’est pas le 6 février 1934 ! »
Valls : « Je t’emmerde ! »
Lellouche : « La réciproque est vraie, Je t’emmerde aussi. On n’est pas le 6 février 1934. »
Plus tard, le député UMP a assuré à Europe1 sentir au sein du gouvernement un « raidissement idéologique inouï […]. Tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sont des factieux, des fascistes, c’est intolérable. »
Ancien président de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN, ancien conseiller diplomatique de Jacques Chirac, Pierre Lellouche n’entre pourtant pas dans la case de ceux que les Valls et consorts appellent « fachos ». Très actif dans les milieux communautaires juifs français, européens et américains, Pierre Lellouche demandait, par exemple, en 1994, de déplacer le scrutin municipal, en raison de la coïncidence de la Pâque juive avec les élections municipales. Il expliquait au Nouvel Économiste (12 novembre 2004) :
« En 68, quand on a 17 ans et qu’on est fils d’ouvrier, on est naturellement de gauche (mais) ma véritable rupture avec la gauche date de 69, elle est liée au sionisme. »
Les temps ont changé. Peut-être même que Pierre Lellouche n’est pas de gauche, car cette gauche, en matière de sionisme, va aujourd’hui beaucoup plus loin que lui.
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