Le ministre de l’Intérieur préfère parler d’actes « anti-musulmans », le mot étant selon lui utilisé à mauvais escient par les fondamentalistes. Interview.
Comme le président de la République – et certaines associations vous en font le reproche –, vous parlez d’agressions « anti-musulmanes » et refusez d’utiliser le mot « islamophobes ». Est-il tabou ?
Manuel Valls : Je suis ministre de l’Intérieur, il ne m’appartient pas de réglementer l’usage d’un mot. Les mots ont un sens, et le terme suscite la polémique. Moi, je choisis ceux que j’emploie. L’important est de souligner une réalité : les actes racistes et xénophobes exercés à l’encontre de nos compatriotes musulmans ont augmenté de 28 % depuis 2012 ! [de 31 % selon cet observatoire, NDLR] Mais, derrière le mot « islamophobie », il faut voir ce qui se cache. Sa genèse montre qu’il a été forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour jeter l’opprobre sur les femmes qui se refusaient à porter le voile.
C’est au mot près l’argumentaire de l’essayiste Caroline Fourest, combattu par nombre de collectifs ou d’associations. Pour eux, pendant de l’antisémitisme, « [l’]islamophobie » devrait être inscrite dans le discours public et dans la loi.
Je crois que Caroline Fourest et avec elle d’autres intellectuels ont raison. Evidemment, le terme étant entré dans le langage courant, certains parlent « [d’]islamophobie » de bonne foi pour évoquer le racisme contre les arabo-musulmans. En revanche, d’autres, défenseurs d’un islam fondamentaliste – en particulier les salafistes – l’utilisent avec un objectif bien clair : empêcher toute critique de la religion et s’opposer aux principes de la République.
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