Des centaines de policiers ont participé lundi et mardi à des manifestations inédites à Alger et à Ghardaïa (sud) pour exprimer leur solidarité avec des collègues blessés lors de heurts avec des manifestants dans le sud du pays, a constaté un journaliste de l’AFP.
Plusieurs centaines de policiers ont défilé mardi dans le calme à Alger au lendemain d’une manifestation similaire à Ghardaïa (sud), organisée après des heurts entre groupes de jeunes ayant fait plusieurs blessés parmi les policiers, dans cette région en proie depuis plusieurs mois à des violences communautaires.
Les policiers ont parcouru à pied près d’une quinzaine de kilomètres depuis le siège des unités anti-émeutes d’El Hamiz, dans la banlieue est d’Alger, jusqu’au Palais du Gouvernement, au centre de la capitale, qui abrite également le ministère de l’Intérieur.
Il s’agit de deux unités d’intervention programmées pour se déployer à Ghardaïa en remplacement des unités affectées actuellement sur place, a indiqué à l’agence de presse APS le directeur de la communication à la direction général de la sûreté nationale (DGSN), Djilali Boudali.
Les policiers entendent ainsi apporter leur solidarité et leur soutien à leurs collègues de Ghardaïa, afin que cessent les agressions contre les forces de l’ordre dans cette wilaya (département) qui connaît des émeutes récurrentes, a-t-il ajouté.
Au siège du gouvernement, les protestataires qui ont été rejoints par des policiers venus d’autres unités d’Alger, ont demandé à rencontrer le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, qui se trouvait en visite à Ghardaïa.
Près de 10 000 policiers et gendarmes sont déployés depuis mars dans les principales artères de Ghardaïa, cité de 400 000 habitants dont quelque 300 000 Mozabites, mais ils ne parviennent pas à empêcher les violences.
Lundi, plusieurs centaines de policiers déployés dans la région, ont participé une marche à Ghardaïa pour réclamer de meilleures conditions de travail.
Ces policiers pour la plupart issus d’autres départements du pays ont exprimé dans le calme leur désarroi sur leurs conditions de travail après que plusieurs d’entre eux ont été blessés dimanche par des manifestants à Berriane, une localité voisine de Ghardaïa.
Les protestataires avaient refusé de discuter avec leurs responsables hiérarchiques, exigeant la présence du ministre de l’Intérieur, selon l’agence APS.
Le directeur général de la sûreté nationale, Abdelghani Hamel, a rencontré des policiers qui lui ont fait part de leurs préoccupations, selon un communiqué de la police, affirmant qu’ils avaient été rassurés quant à la prise en charge de toutes leurs revendications.
Lundi, suite à de nouvelles échauffourées dans la région de Ghardaïa, deux jeunes sont morts et une dizaine de policiers et d’agents de la protection civile ont été blessés, selon l’agence APS.
Mardi, des dizaines de policiers ont défilé dans le calme de Berriane à Ghardaïa, sur près de 40km, en solidarité avec leurs collègues, selon des notables de la région.
Les heurts communautaires dans la région de Ghardaïa ont fait une dizaine de morts au cours des derniers mois, tandis que des centaines de maisons et de magasins, appartenant en majorité à des Mozabites, ont été pillés puis incendiés.
De nombreux différends, en particulier d’ordre foncier, sont à l’origine de ces heurts entre Arabes et Berbères qui cohabitent depuis des siècles dans la ville.