Le procureur général libyen a annoncé mercredi soir avoir ordonné le transfert de Seif al-Islam, un des fils de l’ex-dirigeant Mouammar Kadhafi, de Zenten (ouest) à Tripoli pour comparaître jeudi avec plus de 30 autres personnes devant la chambre d’accusation de Tripoli.
"Nous avons adressé un ordre de transfert aux établissements pénitenciers concernés pour nous transférer les personnes impliquées dans l’affaire N°630, y compris Seif al-Islam", a déclaré Abdelkader Radouane lors d’un point presse.
"Jusqu’à maintenant il n’y a pas d’obstacles à son transfert", a-t-il ajouté.
Outre Seif al-Islam, l’ex-chef de renseignement Abdallah Senoussi est aussi impliqué dans cette affaires, ainsi que plus de trente personnalités de l’ancien régime.
Ils sont notamment accusés d’assassinat lors de la répression de la révolte qui a entraîné en 2011 la chute du régime de Mouammar Khadafi, tué en octobre de la même année.
Seif al-Islam, arrêté en novembre 2011 par un groupe d’ex-rebelles de Zenten, est toujours détenu par ce groupe dans cette ville montagneuse de l’ouest Libyen.
Les autorités libyennes de transition ont tenté de négocier à plusieurs reprises son transfert à la capitale, en vain, mais elles affirment régulièrement que Seif al-Islam est détenu dans un centre pénitencier sous l’autorité de l’Etat.
Le procureur général adjoint al-Seddik al-Sour, a mis en garde contre des manquements aux transferts des prisonniers. Si un directeur d’un des établissements n’obéit pas aux ordres, il doit se justifier, sinon il fera face à des poursuites judiciaires, a-t-il dit.
Mais Seif al-Islam doit aussi comparaitre jeudi devant un tribunal de Zenten, dans le cadre d’un autre procès, pour atteinte à la sécurité nationale.
Interrogé sur la coïncidence de la date de ce procès et de sa comparution devant la chambre d’accusation, M. Al-Sour s’est contenté de dire que le bureau du procureur général n’a pas été informé officiellement de la date du procès à Zenten.
Selon une sources proche du dossier, des négociations étaient toujours en cours mercredi pour un éventuel transfert de Seif al-Islam pour quelques heures à Tripoli.
"Ceci dépendra notamment des conditions de sécurité", a indiqué cette source sous couvert de l’anonymat.
Seif al-Islam et M. Senoussi font par ailleurs l’objet de mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale (CPI), qui les soupçonne de crimes contre l’humanité lors de la répression de la révolte.
Fin mai, la CPI avait débouté les autorités libyennes de leur demande de juger devant les tribunaux libyens Seif al-Islam en raison des doutes sur la capacité du gouvernement libyen à lui garantir un procès juste et équitable. La Libye a fait appel de cette décision.
Dans un communiqué, l’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty international a appelé mercredi les autorités libyennes à remettre M. Senoussi et Seif al-Islam à la CPI.
L’organisation craint que Saif Al-Islam Kadhafi soit maintenu en détention secrète par une brigade armée à Zentan, sans accès à un avocat, explique l’organisation qui affirme avoir rendu visite à Seif al-Islam le 9 septembre, sans pouvoir entretenir avec lui en privé ni visiter son lieu de détention.