Après deux jours de tergiversations, le gouvernement libyen a fini par reconnaître que ses troupes ne parviennent toujours pas à contrôler de nombreuses villes dont particulièrement Bani Walid.
Ces dernières ont d’ailleurs essuyé lundi une attaque meurtrière des pro-Gueddafi. Le ministre de la Défense, Ouassama Jouili, qui s’est rendu hier sur place pour tenter de ramener à la raison les habitants de la ville qui semblent toujours acquis au régime déchu, a, en effet, admis que les autorités n’étaient pas sûres de ce qui s’était passé après avoir tenté de mettre ces « violences » sur le compte de « simples » conflits tribaux. « Le ministre de la Défense est à l’intérieur, il négocie et nous allons trouver une solution au problème. Sinon nous sommes prêts à nous battre », a affirmé à l’AFP Abdallah Al Mahdi, un membre de la puissante brigade de Zenten, qui avait combattu le régime.
« Je pense que la ville est contrôlée par les partisans d’El Gueddafi », a-t-il affirmé. « La situation est calme aujourd’hui mais on dirait que c’est le calme avant la tempête », a déclaré de son côté à la presse Abdelhamid Rahim, un habitant de Bani Walid qui se rendait à Tripoli pour le travail. « Beaucoup de partisans d’El Gueddafi ont mis en place des barrages dans la ville, ils dirigent la circulation », a-t-il ajouté. Les journalistes ont été bloqués deux heures à un barrage situé à 60 km de Bani Walid, les ex-rebelles affirmant que la « situation était dangereuse » pour eux dans cette localité.
Une chose est certaine, l’incursion effectuée par les pro-Gueddafi à Bani Walid pourrait ragaillardir la résistance et poser ainsi de sérieux problèmes au Conseil national de transition (CNT) qui vient d’être lâché par de nombreuses milices rebelles. Craignant justement des attaques des pro-Gueddafi, les responsables militaires de Tripoli et de Benghazi ont ordonné mardi le renforcement de la sécurité et installé de nombreux barrages dans plusieurs quartiers. Ces violences interviennent au moment où le CNT fait face à la crise politique la plus grave depuis son arrivée au pouvoir.
Dimanche, son vice-président, Abdelhafidh Ghoga, a dû démissionner sous la pression de la rue. Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a exclu la démission du Conseil, en mettant en garde contre « une guerre civile ». Mardi, d’anciens combattants rebelles ont manifesté à Tripoli contre le CNT.
« El Gueddafi est mort mais le système est resté le même et le CNT fait tout pour marginaliser les thowar », se plaignent les rebelles. Mais, paradoxalement, le CNT pour calmer les pro-Gueddafi ne semble pas aussi avoir d’autre choix que de les intégrer dans le jeu politique. Dans le cas contraire, la guerre civile risque réellement d’être inévitable.