Ironie dialectique ou logique perverse : une créature du libéralisme fait la morale à l’Espagne traditionnelle au nom des dégâts produits par le libéralisme.
Amarna Miller (il semblerait que ce soit un pseudonyme emprunté en hommage à Henry Miller) est une réalisatrice, productrice et actrice de films pornographiques espagnole ouvertement féministe. Dans ce clip réalisé par l’agence de pub Vimema pour le Salon érotique de Barcelone de 2016, elle délivre un message politique qui dépasse le simple cadre du salon érotique.
Fustigeant le « double langage de la société espagnole », la militante impute les dommages causés par la société libérale (perte des valeurs qui produit la corruption, dictature bancaire) à la société traditionnelle et au peuple (qui n’en prend – manifestement pour la féministe – pas suffisamment plein la gueule), jugés hypocrites et réactionnaires (intérêt pour la corrida, méfiance à l’égard de l’immigration de masse). Un beau tour de passe-passe financé qui confine à l’inversion accusatoire et à l’usurpation victimaire.
Double comble : Amarna Miller pose le Salon érotique de Barcelone en « résistant » et propose donc en solution, plus de libéralisme !
Abattre les derniers îlots de résistance traditionnelle et culturelle à la dissolution libérale du Marché, tout en se faisant de la publicité dans le but d’alimenter ce Marché, voilà une belle leçon de morale professée par les nouveaux inquisiteurs en place.
Rappelons que l’industrie pornographique espagnole est dans le viseur des autorités depuis quelques mois, notamment depuis l’affaire du « roi du porno » et le début d’une enquête pour abus sexuels sur mineures, diffusion de pornographie infantile et traite d’être humains.
Ce qui n’a pas empêché certaines personnalités publiques espagnoles comme le secrétaire général du parti Podemos, Pablo Iglesias, d’applaudir et de partager la vidéo sur les réseaux sociaux.