À l’occasion des cinquante ans de la disparition de Charles de Gaulle, Emmanuel Macron, président de la République, s’est rendu à Colombey-les-Deux-Églises, à La Boisserie, la demeure du Général. Souvent, on cite les pensées d’autrui quand on a du mal à avoir les siennes propres et l’on se met dans les pas des grands hommes quand on n’est soi-même qu’un petit monsieur.
Comme il est d’usage, Emmanuel Macron a écrit un mot dans le livre d’or de la maison familiale des de Gaulle, devenue musée en 1980.
Mal lui en a pris, comme nous pouvons le voir.
Rappelons, pour ceux qui seraient parvenus à l’oublier, que notre bon président a épousé Brigitte, ci-devant professeur de lettres dans le secondaire.
Nous avons là une excellente illustration de l’effondrement culturel de la France, qui se vérifie à tous les niveaux de la société, jusque chez ceux qui parviennent encore à faire croire au plus grand nombre (qui se réduit comme peau de chagrin) qu’ils en sont l’élite.
Listons les fautes laissées en si peu de mots par Emmanuel Macron, dans leur ordre d’apparition dans le texte.
• Une majuscule fautive dans la date, puisque l’on n’en met pas aux mois. En revanche, il aurait dû en mettre une à « le ». Par ailleurs, nul besoin de ponctuation à la fin de la date, et surtout pas d’une virgule.
• Une majuscule fautive à « Général de Gaulle ». Il en faut une quand on l’appelle « le Général », mais jamais dans l’expression « le général de Gaulle ».
• « Puissions nous » : il manque bien sûr un trait d’union ; il faut écrire « Puissions-nous ».
• « Les traces qui nous permettrons de bâtir » : il s’agit clairement de la plus grosse faute de ces quelques lignes. Une faute d’inattention, évidemment ; elle est si grossière qu’on ne peut la considérer autrement. Le sujet est « les traces », et non pas « nous », qui est un complément d’objet indirect. Il faut donc écrire « Les traces qui nous permettront de bâtir ».
• Lui qui pourtant la liquide, il n’aura pu mettre un point final après « la France ».
• On pourra aussi s’interroger sur l’absence de majuscule à la formule « en fidélité » concluant la dédicace.
Dans la demeure d’un président français qui écrivait lui-même ses discours et qui pouvait les dire sans la moindre note, qui s’exprimait à l’oral comme alors on écrivait, ces fautes de l’actuel président pourraient sonner comme un affront. Elles ne révèlent seulement que la décrépitude qui gagne non plus lentement mais sûrement toutes les strates de notre société.
Moralité : c’est à la langue française que Brigitte aurait dû initier le jeune Emmanuel…