Début janvier, le gouvernement Obama a dévoilé la nouvelle stratégie du Pentagone, « Maintenir le leadership global US : Priorités pour la défense du 21ème siècle ». Plutôt que de couper dans les dépenses de l’appareil militaire US, il s’agit clairement surtout de réorganiser les priorités du Pentagone pour assurer une domination absolue pour les premières décennies du 21ème siècle (dominer n’importe quelle nation, n’importe où, n’importe quand, à n’importe quel degré de force).
Le président Obama l’a dit lui-même, après que les dépenses militaires aient pratiquement doublé durant la période Bush, la stratégie va ralentir la croissance des dépenses militaires, « mais… ça va continuer à croître : en fait de 4% dans l’année qui vient. »
La nouvelle doctrine place la Chine et l’Iran au centre des préoccupations sécuritaires des USA. Ainsi, elle met en priorité l’expansion des capacités militaires des Etats-Unis en Asie et dans les océans Pacifique et Indien, en « rééquilibrant vers la région Asie-Pacifique… en s’appuyant davantage sur nos alliances existantes. » Cela comprend le Japon, la Corée du Sud, les Philippines et maintenant l’Australie et l’Inde ainsi que les « pivots » US, de l’Irak à l’Afghanistan jusqu’au cœur de l’économie globale du 21ème siècle, l’Asie et le Pacifique. Les implications pour Okinawa et le Japon devraient être claires : pour s’assurer que le Japon restera son porte-avion insubmersible, Washington va faire tout son possible, notamment faire pression pour construire la nouvelle base aérienne à Henoko.
La Russie « reste importante », mais les priorités tendent à s’assurer que le développement de la Chine se réalise dans les systèmes globaux de l’après-deuxième guerre mondiale dominés par l’Occident et le Japon. La focalisation sur l’Iran vise à s’assurer que les ambitions de Téhéran ne viennent pas compromettre le contrôle néocolonial par les Occidentaux du pétrole essentiel à leurs capacités économiques et militaires.
C’est pourquoi la Chine et l’Iran sont les premières cibles de systèmes d’armement à développer ; d’alliances militaires US étendues, de bases, d’accords d’accès et d’exercices militaires à un rythme accru ; ainsi que de capacités avancées dans le domaine des guerres cybernétique et spatiale.
Par rapport au pétrole du Moyen-Orient, la stratégie insiste explicitement sur les responsabilités extraterritoriales (comprenez le Sud) de l’Otan « en cette période de ressources restreintes ». Ce point doit être renforcé par des opérations de contre-terrorisme à l’échelle mondiale, notamment en mettant davantage l’accent sur les opérations secrètes des Forces Spéciales. Et, parmi les différentes failles de la stratégie, notons l’importance donnée au partage du fardeau financier et militaire par l’Otan et les autres alliés US, un objectif qui ne sera probablement pas atteint alors que l’Europe est plongée dans la tourmente économique.
La stratégie signale que le président du Conseil National de Sécurité révise actuellement la position sur le nucléaire. Il devrait au minimum réduire le rôle des armes nucléaires dans les politiques militaires ainsi que le nombre d’armes dans l’arsenal US en cas de second mandat du gouvernement Obama. Une mesure à mettre en parallèle avec le discours du Président à Prague ainsi que l’extorsion politique qui l’a conduit à adopter l’augmentation de 185 milliards de dollars de dépenses pour de nouvelles armes nucléaires et systèmes de lancement pour la prochaine décennie dans le but de décrocher la ratification du traité New START. (1)
(1) : le New START est un traité sur la réduction d’armes nucléaires conclu entre les Etats-Unis et la Russie signé à Prague le 08 avril 2010. Après avoir perdu les élections de mi-mandat, le président Obama est parvenu à faire passer cette décision décriée par les Républicains en consentant une augmentation du budget alloué au maintien et à la modernisation des arsenaux nucléaires militaires. (ndlr)