La police chinoise a annoncé l’élimination de « trois terroristes ouïgours qui scandaient des slogans djihadistes », écrit mercredi le quotidien Kommersant.
Il s’agit du quatrième cas impliquant des représentants de cette ethnie dans une affaire de terrorisme. Les autorités chinoises accusent même l’Organisation ouïgoure de libération du Turkestan oriental de complicité avec l’État islamique. Les experts pensent plutôt que c’est l’oppression des Ouïgours par les autorités chinoises qui explique l’augmentation de la violence.
Trois Ouïgours ont ainsi été abattus par la police lors d’un raid antiterroriste. Selon les autorités locales, ils s’étaient barricadés dans une maison et criaient des slogans djihadistes. Le pays connaît une montée en puissance de l’activité terroriste : si en 2010 les attentats en Chine avaient fait 7 morts, en 2014 on comptait déjà 307 victimes, sachant que pratiquement dans tous les cas les terroristes étaient ouïgours. La presse officielle accuse l’Organisation de libération du Turkestan oriental, complice de Daesh selon les autorités.
La semaine dernière, la Thaïlande a extradé 109 Ouïgours vers la Chine, en dépit des protestations des USA et de l’ONG Human Rights Watch. La presse gouvernementale affirme qu’au moins treize d’entre eux comptaient partir en Syrie et en Irak pour rejoindre l’État islamique. En septembre 2014, ainsi qu’en février et en juillet 2015, l’Indonésie a condamné des groupes d’Ouïgours à de longues peines de prison pour « activité terroriste » sur le territoire national.
Selon Sean Roberts, directeur du programme Études du développement international à l’université George Washington, la radicalisation des Ouïgours est due avant tout à l’attitude des autorités chinoises à leur égard. « La Chine développe à marche forcée cette région en tant que point stratégique de la ceinture économique de la Route de la soie. Les travaux dans le cadre de ce projet forcent les Ouïgours à quitter leurs lieux de vie habituels et inondent la région de Chinois ethniques. De nombreux Ouïgours désapprouvent cette situation et expriment parfois leur protestation par la violence », pense l’expert. Par ailleurs, il doute qu’on puisse parler de « liens conséquents d’Ouïgours chinois avec l’État islamique et d’autres organisations terroristes en dehors de Xinjiang ».
La Chine compte environ 20 millions de musulmans, dont la moitié sont Ouïgours. Les organisations des droits de l’homme ont accusé à plusieurs reprises Pékin de traiter avec violence les activistes ouïgours. L’un des objectifs du projet global de la ceinture économique de la Route de la soie consiste à développer la région autonome de Xinjiang, en dépression, où le niveau de vie a énormément de retard sur les régions littorales riches de la Chine.