L’Algérie est infestée par des sectes religieuses rattachées à des officines et des courants bien ancrés à l’étranger.
L’inspecteur général du ministère des Affaires religieuses s’inquiète de cette prolifération et a tiré la sonnette d’alarme, hier, lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne. « Ces sectes se démultiplient, elles se réorganisent. Le ministère des Affaires religieuses doit prendre ses précautions, parce que toutes ces tendances ont leurs sources à l’étranger, dans des pays qui ne sont pas obligatoirement amis de l’Algérie », a averti Mohamed Aïssa. Ces sectes exploitent des lieux de prière qui échappent au contrôle du département de Bouabdallah Ghlamallah, qui est déjà confronté à la « salafisation » de nos mosquées. Mohamed Aïssa reste catégorique : il n’y a pas de sectes religieuses dans les mosquées.
« Elles se manifestent dans les campus universitaires, dans les moussala (salles de prière) des entreprises, dans les sous-sols des quartiers et dans les garages érigés pour l’apprentissage des langues et pour les cours de rattrapage », a-t-il affirmé, mettant en garde contre la dangerosité de certains courants sectaires comme ceux du ahmadisme et du takferisme ou encore le wahhabisme. « La secte musulmane ahmadiste, qui a une interférence et une complicité avec des forces étrangères, notamment avec le sionisme international », a-t-il dénoncé, espérant qu’il y a une bonne réaction des plus hautes autorités pour faire face à cette prolifération qui constitue une menace pour la stabilité du pays. Mohammed Aïssa mesure la gravité de la situation et parle carrément d’« une invasion étrangère » qui vise à « déstabiliser le pouvoir en place, au Maghreb et dans le Monde arabe ».
Ces sectes, dont le nombre reste indéterminé, ciblent la catégorie des jeunes et exploitent à outrance le manque de contrôle des salles de prière au sein des campus universitaires. Mohamed Aïssa a également relevé le problème des fetwa et conférences qu’animent certains prédicateurs venus de l’étranger qui cherchent à manipuler la jeunesse en général et les étudiants en particulier. Pour lui, bien que ces sectes restent peu ancrées dans la société, elles ne doivent pas être ignorées. Car, estime-t-il, elles sont très nuisibles et exercent une influence sur les marginaux. L’inspecteur général du ministère des Affaires religieuses appelle ainsi au renforcement du contrôle des lieux de prière « où les sectes agissent le plus pour l’endoctrinement des jeunes ». Pour se prémunir contre cette menace de dépravation de la société, Mohamed Aïssa a suggéré le renforcement sur le plan juridique du référent religieux national. Comment ? Il a proposé la codification « des textes qui bannissent les sectes ».
À cela s’ajouterait « l’amélioration de la qualité de la formation des imams qui se chargeront de répondre à tous les questionnements de la société pour qu’elle ne cherche pas de réponses à ses interrogations d’ordre cultuel à travers les supports électroniques et les chaînes satellitaires ». L’invité de la Chaîne III estime, en outre, que le projet de loi relative aux associations à caractère religieux viendra combler « un vide juridique » parce que ces associations obéissaient à la loi 90-31 de 1990 qui régissait toutes les associations, quel que soit leur caractère. Les nouvelles dispositions qui seront introduites sous forme de décrets présidentiels permettront la création de plusieurs types d’associations à caractère religieux. Il s’agit des associations dites « comité de mosquée » dont le rôle, entre autres, est la construction et l’entretien de la mosquée, des associations qui s’occupent de la création et de la gestion des écoles coraniques et de celles dont la fonction s’intéresse à la zakat, sadaka, le hadj et les wakfs. -